Monture : argent - 17e siècle (Allemagne ?)
51,68 x 35,5 mm.
47,7 g.
Ces haches polies étaient appelées dans l’antiquité cerauniæ puis furent plus tard désignées par les termes « pierres de foudre » ou « pierres de tonnerre ». Elle furent ainsi dénommées sous prétexte qu’on les considérait alors comme des objets tombés du ciel lors d’un orage électrique (quelquefois aussi comme des objets métalliques transformés en pierre dans le sol lorsque la foudre frappait). De là à leur affubler la vertu de protéger leur possesseur des phénomènes dangereux tels que le tonnerre, la foudre, les orages, ou les tempêtes, il n’y avait qu’un pas.
Ces haches furent de tous temps considérées comme « magiques ». Déjà au néolithique, on en retrouve en contexte sépulcral ou funéraire. Puis elles sont portées en pendeloques. Sous l’empire romain certaines furent même gravées pour renforcer leur pouvoir apotropaïque (technique déjà utilisée pour les intailles magiques notamment). Voir à ce sujet l’article de Christopher A. Faraone, « Inscribed Greek Thunderstones as House- and Body-Amulets in Roman Imperial Times », in Kernos, 27, 2014, pp. 257-284.
Elle ne furent pas, par la suite, uniquement censées protéger leur propriétaire des phénomènes sus-cités, mais furent aussi utilisée pour les préserver de certaines maladies (notamment rénales puisqu’il s’agit d’une pierre) et même contre le mauvais œil.
Symbole de puissance, une telle amulette était également perçue par certains peuples comme pouvant faire gagner des combats ou des batailles.
Très rare.
On trouve très peu d'occurrences de haches néolithiques montées en bijoux dans les grands cabinets de curiosité européens de l’époque ni dans les grandes collections institutionnelles ou privées modernes.
Un grand modèle (17,6 cm) percé et serti dans une monture d’argent est conservé au British Museum (inv. n°1884,0606.1). Il porte une ancienne étiquette mentionnant qu’il fut possédé par un écossais au 19e siècle pour lutter contre une maladie rénale.
Le British Museum conserve églement un modèle miniature (moins de 3 cm) percé et non monté (inv. n°OA.1394).
Un exemplaire non serti dans la collection Kriss maintenant conservé au Bayerisches Nationalmuseum de Munich (reproduit dans Amulett und Talisman de Hansmann et Kriss-Rettenberck, p. 82, n°93).
Pas d’exemplaire serti dans la collection Lionnel Bonnemère (Amulettes et talismans : la collection Lionnel Bonnemère).
Provenance :
Collection privée, Paris, années 60.
Bibliographie :
Marcel Baudoin et Lionnel Bonnemère, « Les haches polies dans l'histoire jusqu'au XIXe siècle ». In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, V° Série. Tome 5, 1904. pp. 496-548.
H. Balfour, « Concerning Thunderbolts », Folklore, vol. 40, pp. 37-49, 168-173.
W.L. Hildburgh, « Further Notes on the Uses in Spain of Prehistoric Stone-Implements as Amulets ». In: MAN, Janvier-février 1941, 3-4, pp. 13-18.
W.L. Hildburgh, « Stone Implements presumably used as Amulets in Spain ». In: MAN, XXXVIII, Février 1938.
Liselotte Hansmann et Lenz Kriss-Rettenbeck, Amulett und Talisman, 1977, p. 82, n°93.