Dans l’iconographie Theravāda, cette position est omniprésente, notamment dans les statues birmanes. Bouddha est représenté en posture méditative, jambes croisées dans la position du lotus, la main gauche reposant sur ses genoux en geste de méditation, tandis que la main droite touche le sol du bout des doigts. Ce geste évoque le moment où Siddhārtha Gautama, confronté aux assauts du démon Māra, invoque la terre comme témoin de ses mérites accumulés au fil de ses vies passées ainsi que de sa résistance aux tentations suscitées par Mara. Selon la tradition, la terre elle-même répond en déclenchant une inondation qui emporte les forces de Māra, scellant ainsi la victoire du Bouddha sur les illusions et son accès à l’éveil.
En Thaïlande, cette posture est particulièrement associée à l’iconographie des Bouddhas de style Sukhothaï et Rattanakosin, où elle est souvent représentée avec des formes élancées et une expression sereine, accentuant l’idée de transcendance et de pureté spirituelle. En Birmanie, notamment dans les styles Mandalay ou Konbaung, la même posture est omniprésente, mais les statues présentent souvent des traits de visages plus arrondis et bienveillants, avec des détails minutieux sur les plis du vêtement et l’ornementation de la base ou du trône.
Cette iconographie exprime un aspect fondamental du bouddhisme Theravāda : l’importance des pāramī (perfections) accumulées par le Bouddha à travers ses vies antérieures et la primauté du karma dans le chemin vers l’éveil. Contrairement aux traditions Mahāyāna et Vajrayāna, où Bouddha est souvent représenté dans des formes transcendantes ou ornées de symboles ésotériques, le Theravāda privilégie une approche simple et didactique, centrée sur l’exemple du Bouddha historique Gautama. Ainsi, la posture de la prise de la terre à témoin devient un rappel constant pour les fidèles de la puissance des mérites et de la détermination nécessaire pour atteindre la libération.