Jaillissant d’une nuée au centre de la composition, une créature féminine tient en sa main droite un caméléon. Le reptile réputé pour sa lenteur et ses métamorphoses est décrit par Pline l’Ancien puis par l’humaniste Andrea Alciat dans son « Livre d’Emblèmes » paru en 1531: comme les courtisans, il change de couleur au gré du vent et il ne vit que de l’air, c’est-à-dire de la flatterie. Les nombreux volatiles continentaux ou exotiques disséminés au sol, sur l’eau ou dans le ciel sont autant d’occasions pour Van Stalbemt de marteler l’idée de l’air qui les porte lorsqu’ils déploient leurs ailes. Digne héritier des miniaturistes des siècles passés, il a le pinceau assuré et le trait chirurgical, offrant au regard du spectateur une multitude de créatures au réalisme saisissant. L’influence des Brueghel est patente dans cette composition, en particulier celle de Jan Brueghel l’Ancien avec lequel Van Stalbemt a souvent collaboré.
Avec les saisons et les tempéraments humains, les quatre éléments représentent les principes fondamentaux de l’ordre cosmique et de la vie naturelle, ils complètent la doctrine des correspondances entre microcosme et macrocosme, c'est-à-dire l’analogie entre l'homme et l'univers. Ainsi chaque élément est rattaché à une saison et un tempérament : l'eau correspond à l'hiver et à l'humeur flegmatique; le feu à l'été et à la colère; la terre à l'automne et à la mélancolie; l'air au printemps et à un caractère sanguin.
A l’origine, notre tableau faisait partie d’une série sur les éléments dont il manque désormais l’Allégorie de la terre, vraisemblablement perdue. Mais il subsiste l’Allégorie de l’eau et l’Allégorie du feu que nous présentons dans la galerie. Idéalement, ces trois peintures devraient être réunies en une même collection (voir photo d’ambiance).
Notre peinture est sublimée par son puissant cadre en bois sculpté et doré du XVIIIe siècle.
Dimensions : 36 x 52 cm - 57 x 73 cm avec le cadre
Vendu avec facture et certificat d’expertise
Adriaen van Stalbemt (Anvers 1580 – Id. 1662) est un peintre flamand qui s’inscrit dans le sillon de la formidable épopée des artistes anversois qui ont magnifié l’art du paysage avec le soucis d’une représentation minutieuse depuis le milieu du XVIe siècle. Les principaux épisodes de sa vie sont relatés par les biographes Cornelis de Bie (1627 – 1715) et Arnold Houbraken (1660 – 1719). En 1585, sa famille protestante s’exile à Middlebourg où Van Stalbemt a probablement tenu ses premiers pinceaux. En 1609, après l’entrée en vigueur de la Trêve de Douze Ans mettant un terme aux affrontements entre les Pays-Bas méridionaux et les Provinces-Unies, il est de retour à Anvers. Admis maître à la guilde de Saint-Luc en 1610, il y est élu doyen en 1617.
Apprécié pour ses scènes mythologiques, allégoriques ou religieuses qui se déroulent dans de riches paysages, il montre un réel talent pour peindre d’élégants personnages. Ainsi certains de ses collègues feront appel à lui pour qu’il peigne les figures de leurs compositions au premier rang desquels, Jan Brueghel de Velours (1568 – 1625). Peintre prolifique, Van Stalbemt rencontre un réel succès et aujourd’hui, ses œuvres sont admirées dans les plus grands musées.
Bibliographie :