A la fin du XIXe siècle, l'apparition successive des grands magasins parisiens, le Bon Marché, les Galeries Lafayette, La Samaritaine ou encore Le Printemps, témoigne de cette effervescence commerciale inédite qui accompagne l'avènement d'une classe bourgeoise à fort pouvoir d’achat. Après des premières années flamboyantes, ces grandes enseignes se livrent une bataille féroce et rivalisent d’ingéniosité pour capter une clientèle exigeante. C'est ainsi qu'en 1912, René Guilleré (1878- 1931) qui a fondé en 1901 la Société des Artistes décorateurs, incitez Le Printemps à faire produire du mobilier et des objets d’art par des ateliers artistiques, afin de soutenir les arts décoratifs modernes. Avec l'accord de Gustave Laguionie, alors à la tête du Printemps, il imagine en 1912 Primavera, un atelier d’art dans le grand magasin, sa femme Charlotte peintre décoratrice en assure le fonctionnement, de jeunes responsables de commandes sont recrutés comme Marcel Guillemard, et Louis Sognot chargés du mobilier et de la décoration, ou Madeleine Sougez et Claude Lévy, pour la création d'objets. Le Printemps Primavera rachète la faïencerie de Sainte-Radegonde en Touraine, elle évoluera sous la direction du grand céramiste Art Déco René Buthaud qui sera directeur artistique de 1923 à 1926. C’est ainsi qu’à partir de 1923 Primavera participe à tous les salons et notamment à l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925 pour laquelle elle fait construire, par Henri Sauvage et George Wybo, un pavillon dont l’architecture fait date.
Alain-René Hardy, auteur d’une importante monographie sur Primavera, souligne que la grande force de l’atelier d’art aura été de laisser une grande liberté aux sous-traitants. Primavera aura ainsi été une vraie réussite en termes d’image pour le grand magasin, sa ligne de produits donnant une impression de nouveauté et de diversité. C’est sans doute pour cette raison que les enseignes concurrentes se sont empressées de lancer leurs propres ateliers d’art en 1922 : La Maîtrise pour les Galeries Lafayette, Pomone pour le Bon Marché ou encore le Studium l’atelier d’art du grand magasin du Louvre.