Gravé par Johannes Visscher (c. 1633-c. 1712) d'après un dessin « dessiné d'après nature » par son frère Cornelis Visscher (1629-1658), publié par Justus Danckerts (1635-1701).
Gravure et eau-forte sur papier vergé, feuille 342 x 284 mm, planche 338 x 284 mm
Vers 1670
Inscrit dans la planche « Dus heeft den Moor met pÿl en boogh / Den vyandt of het wilt in't oogh », « C. de Visscher ad vivum deliniavit », « J. de Visscher sculpsit » et « Justus Danckerts Excudit »
Hollstein 148 IV (sur 4).
Le visage saisissant et individualisé de l'« Archer noir » suggère que Cornelis Visscher n'a pas travaillé d'après un « type » africain imaginaire. L'utilisation d'un modèle vivant est d'ailleurs explicitée par l'inscription à côté de son nom (« C. de Visscher ad vivum deliniavit », c'est-à-dire « C. de Visscher a dessiné ceci d'après nature »).
On ignore l'identité du jeune Africain représenté ici, mais Cornelis est décédé en 1658 ; le dessin a donc peut-être été réalisé à l'époque où des dizaines de milliers d'esclaves furent déportés aux Pays-Bas après la reconquête du Brésil en 1654. Bien sûr, ce modèle aurait pu arriver à Amsterdam, où les Africains résidaient depuis longtemps, par de nombreuses autres voies.
Le distique hollandais rimé au bas de l'estampe plante le décor : « Ainsi, le Maure, avec sa flèche et son arc, a l'œil sur l'ennemi ou la bête sauvage. » Le « Maure » transfère soigneusement une flèche de son carquois à son arc, le regard fixé au loin (une innovation et un lieu commun de l'art du XVIIe siècle consistent à placer l'action d'un événement hors du tableau lui-même). Sheldon Cheek, dans son analyse approfondie de l'estampe, note qu'il ne semble exister aucune source littéraire pour ce sujet et qu'il s'agit plutôt d'une première approche du concept de bon sauvage.