Statuaire Médiéval, Sculpture Romane - Tête De Moine Cistercien – Haute époque -chapiteau Roman

Seconde moitié du XIIᵉ siècleFrance - Rhin Supérieur, Vosges
Émanant d’un atelier sculptural d’exception, cette tête monumentale en grès rose des Vosges est un rare témoignage de la statuaire monastique cistercienne de la seconde moitié du XIIᵉ siècle, caractéristique du Rhin supérieur. L’ascétisme de son traitement sculptural, en parfaite adéquation avec l’austérité prônée par l’ordre de Cîteaux, se conjugue ici à une remarquable intensité expressive.
Analyse stylistique et iconographique
La tonsure : un indice distinctif
L’absence de chevelure au sommet du crâne révèle une tonsure cistercienne, caractéristique des moines de cet ordre. Contrairement aux tonsures plus marquées d’autres congrégations, la tonsure cistercienne reflète les principes de simplicité et de dépouillement prônés par l’ordre. Cette particularité rattache notre sculpture à un moine ou abbé cistercien, possiblement une figure spirituelle majeure d’une abbaye de la région du Rhin supérieur.
Les yeux en amande et leur expressivité
Le traitement des yeux en amande, profondément incisés et légèrement asymétriques, confère au visage un regard fixe, presque hypnotique, renforçant l’effet de recueillement et de transcendance. Cette stylisation est typique de l’art roman tardif et du premier gothique primitif, trouvant des échos dans les sculptures cisterciennes d’Alsace et du Rhin supérieur, notamment dans les figures sculptées des abbayes de Neubourg et Lucelle, où l’expression figée des visages participe à une iconographie sobre et méditative.
La bouche entrouverte et la symbolique de la langue
Un détail saisissant de cette œuvre est la bouche entrouverte, laissant entrevoir une langue légèrement sortie. Ce motif, rare dans la statuaire médiévale religieuse, peut avoir plusieurs interprétations :• Un signe d’extase mystique : L’ouverture de la bouche pourrait évoquer un moine en pleine prière, récitant des psaumes ou psalmodiant dans un état de ferveur religieuse.• Une fonction architecturale ou symbolique : Certaines sculptures médiévales, notamment dans les cloîtres cisterciens, adoptaient des expressions parfois plus expressives, voire grotesques, pour des fonctions moralistes ou protectrices.• Une évocation du silence monastique : Dans l’ordre cistercien, le silence occupait une place centrale dans la vie monastique. L’expression figée et la langue légèrement visible pourraient symboliser la tension entre la parole et le mutisme spirituel.
Un témoin rare de la statuaire cistercienne du XIIᵉ siècle
Inscrite dans la tradition sculpturale des cisterciens d’Alsace et du Rhin supérieur, cette tête appartenait probablement à un ensemble architectural ou liturgique :• Un élément d’un modillon sculpté, décorant un portail ou un cloître.• Une clef de voûte figurative, ornant une église ou une salle capitulaire.• Un vestige d’un retable ou d’un tombeau monastique.
L’usage du grès rose, matériau emblématique de l’architecture alsacienne et vosgienne, rapproche cette œuvre des sculptures des grandes abbayes de la région. Le système de fixation métallique visible à l’arrière suggère une réutilisation ancienne ou un ancrage particulier dans son contexte d’origine.
État et conservation
Malgré l’érosion naturelle, cette sculpture conserve une remarquable patine homogène et des traces de polychromie ancienne, notamment un enduit blanc attestant d’une mise en couleur originelle, conforme aux pratiques médiévales. Une restauration ancienne sur l’un des yeux témoigne de la volonté de préserver cette œuvre au fil des siècles.
Conclusion
Par son traitement ascétique et expressif, cette tête cistercienne constitue un vestige exceptionnel de la statuaire médiévale monastique, alliant rigueur spirituelle et humanité profonde. Son regard pénétrant et sa bouche entrouverte en font un objet de contemplation, ancré dans une tradition sculpturale sobre et mystique propre à l’art cistercien du XIIᵉ siècle. Un témoignage unique du dialogue entre la matière, la foi et la pierre dans le contexte des grands ensembles monastiques du Rhin supérieur.
Iconographie consultée• Sculpture romane en Alsace, Jean-Paul Fuhry, 2002.• Alsace romane, Robert Will, 1965.• Les abbayes cisterciennes, Bernard Peugniez, 2012.
Dimensions
Hauteur : 21 cmPoids : Plus de 4 kilos
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