Né en Suède en 1659, Michael Dahl se rendit pour la première fois en Angleterre en 1682 afin d'évaluer les possibilités de mécénat offertes par la mort de Sir Peter Lely. Après plusieurs années de voyage en France et en Italie, il s'installa finalement à Londres en 1689 où il travailla dans l'atelier de Sir Godfrey Kneller et développa un style de portrait influencé par son maître. Dahl devint rapidement le principal rival de Kneller et obtint le mécénat du prince Georges de Danemark et de son épouse la princesse Anne. Sa clientèle d'atelier connut un essor considérable et il semble être devenu le portraitiste londonien de prédilection à cette époque.
Dahl semble avoir adopté de Kneller la pratique consistant à réaliser des études de tête afin de fixer l'image d'un modèle pour leur portrait final. Les deux artistes produisirent ces dessins à la craie sur papier bleu ou gris. Jusqu'en 1973, aucun dessin n'était formellement attribué à Dahl. Cependant, un article de J. Douglas Stewart dans « Master Drawings » affirmait que certains croquis, auparavant considérés comme de Kneller, faisaient en réalité partie d'un ensemble plus vaste qu'il attribuait à Dahl lui-même. Cela a permis l'émergence d'un corpus d'œuvres et l'attribution à Dahl de plusieurs autres études similaires, notamment les dessins aux tons doux d'un homme et d'une femme présentés ici.
Les dessins de Kneller présentent des contrastes d'ombre et de lumière plus marqués, une exécution souvent plus schématique et un trait plus prononcé, avec une tendance aux longues courbes baroques, pour définir la chevelure du modèle. Le dessin de Dahl est plus sobre et soigné, et le modelé des deux œuvres présentées ici est réalisé par de courts traits de hachures et des zones d'ombrage plus doux et plus denses, rehaussées de craie blanche. La caractérisation ainsi que la mise en scène les distinguent des dessins de Sir Godfrey Kneller. Stewart saisit la qualité essentielle des dessins de Dahl : « Il est intéressant de noter à quel point le style de Dahl est similaire à celui de ses peintures, par exemple le ton poudré et le modelé par touches courtes.» (1) Il a également été noté que Dahl « ombrait généralement les contours des bouches, ajoutait des reflets marqués aux nez et prêtait attention à la structure des narines » (2), autant d’éléments que l’on retrouve dans la présente œuvre.
Cette étude de tête masculine est comparable à des dessins tels que l’étude de Christopher Lethieullier par Dahl (craie noire et blanche sur papier bleu, 430 x 324 mm, Courtauld Gallery, Londres), préparatoire au portrait d’Uppark.
Le portrait de femme est plus épuré, mais il est clair qu’il s’agit là encore d’une étude de tête de Dahl. Ce portrait est comparable, tant par sa facture que par le dessin d'un gentleman de Dahl (pierre noire et blanche sur papier bleu, 330 x 240 mm, Lowell Libson and Jonny Yarker Ltd.), et met particulièrement en valeur le traitement des yeux. Ce portrait ressemble d'ailleurs à de nombreuses femmes modèles de Dahl. Son portrait, intitulé Sarah, duchesse de Marlbrough, est typique, avec la même inclinaison de la tête et le même regard froid et penché que celui de Dahl.
Bien que de tels dessins aient joué un rôle important dans la création de Dahl, peu d'entre eux ont survécu et restent rares comparés au volume de ses portraits peints.
Finement exécutés avec une touche délicate de craie blanche pour souligner la forme essentielle des visages, ces croquis captivants constituent des ajouts intéressants aux œuvres sur papier connues de Dahl.
MICHAEL DAHL 1659–1743 Portrait d'un gentilhomme Fusain et craie blanche sur papier gris 35 × 25 cm · 330 × 240 mm Dessiné vers 1725–1735
MICHAEL DAHL 1659-1743 Portrait d'une dame Fusain et craie blanche sur papier bleu
Je remercie chaleureusement David H. Solkin, FBA, Malcolm A. Rogers, CBE, et James Innes-Mulraine pour leur aide précieuse dans le catalogage de ces dessins.