L’enfant chéri
Sanguine
24 x 21,7 cm
Œuvre en rapport : une famille Russe, aquarelle, 32,5 x 27,5 cm, Epinal, Musée départementale des Vosges (Photo 5).
Jean-Baptiste Le Prince naît en 1734 à Metz ou il commence à étudier la peinture. Le Prince se rends rapidement à Paris pour poursuivre son apprentissage, notamment auprès de François Boucher (1703-1770) qui le forme à la veine rococo mais l’initie aussi à la gravure. Suite à un voyage en Italie il décide de partir pour la russie de 1758 à 1763. Il y retrouve son frère Marie-François Le Prince. Introduit à la cour par le Marquis de l’Hôpital, il gagne rapidement des commandes dont notamment certains plafonds du palais d’Hiver à Saint-Pétersbourg. L’artiste profite de ce long séjour pour dessiner un nombre important d’études de la vie quotidienne russe.
De retour en France, il intègre l’Académie, en 1765, avec le « Baptême russe » - une huile sur toile conservée aujourd'hui au musée de La Cour d'Or à Metz - qui consacre les « russeries » dans la peinture officielle du XVIIIe siècle. Ce nouvel engouement participe à la mode de l’exotisme qui avait vu triompher, quelques années plus tôt, les chinoiseries et les turqueries. Parmi les nombreuses œuvres de que Le Prince ramena de ses voyages russes on compte notre dessin qui servit de modèle à une aquarelle conservée désormais au musée d’Epinal (photo 5).
La pose de la mère et son turban sont tout à fait identiques. L’aquarelle d’Epinal est datée en bas à gauche de 1767, notre dessin donc précède cette œuvre. La vivacité et la simplicité du trait parviennent à une grande puissance d’évocation. La mère de notre dessin s’habille de traits eurasiens, témoignage exceptionnelle des voyages de Le Prince et des prémices de la fascination, qui gagnera en puissance dans les années à venir, de la vielle Europe pour sa cousine Russe.