Belle paire de vases « rouleau » en cristal teinté bleu orné d’un décor émaillé japonisant représentant une pleine lune jaune reflétant un arbre à branchages fleuris, dans un entourage de petites fleurs stylisées. Le col est cerclé d’un filet circulaire doré. Les vases s’insèrent dans une monture en bronze doré à décor de branches de cerisier en fleurs typique de la Maison Baccarat.
Cette paire de vases représente le modèle « Clair de lune », réalisé par la cristallerie Baccarat entre les années 1875 et 1890 d’après un modèle dessiné par Eugène Rousseau (1827-1890).
Biographie :La célèbre cristallerie de Baccarat, dont l’origine remonte au XVIIIe s., remporte sa première médaille d’or, à l’occasion de l’Exposition des Produits de l’Industrie de 1823, où elle est saluée pour “l’éclat et la finesse du cristal” et devient la première cristallerie de France. Baccarat est sans nul doute la seule industrie française qui est alors constamment et magistralement représentée au cours des différentes expositions auxquelles elle participe, remportant de ce fait les honneurs et de prestigieuses récompenses. Un maître-mot, “la perfection de la matière et de la taille”, revient dans tous les rapports d’Expositions Universelles entre 1855 et 1867, où la cristallerie Baccarat domine par la qualité de son cristal, jugé supérieur à ceux de Bohême et d’Angleterre. Afin de fidéliser ses clients fortunés, parmi lesquels figure bien évidemment les membres de la Famille Royale, Baccarat se doit de découvrir et lancer de nouvelles modes, de nouveaux décors ainsi que de nouvelles matières..
Eugène Rousseau (1827-1890) marchand-éditeur parisien, s’établit dès 1855 en tant que marchand spécialisé dans la porcelaine et la faïence au numéro 43 de la rue Coquillière à Paris. Il se tournera vers le verre un peu plus tard dans sa carrière, inspiré par les motifs japonisants. Il s’intéresse aux techniques innovantes de ses contemporains, et demande à Marc-Louis Solon, alors décorateur à la manufacture de Sèvres, de réaliser des œuvres dites « pâtes rapportées » que Solon signera sous le pseudonyme « Milès ». La technique de la pâte rapportée (ou pâte-sur-pâte) est alors novatrice, et consiste à appliquer de la pâte liquide sur un vase cru pour dessiner des motifs en relief.
En 1867, Eugène Rousseau fait réaliser par Félix Bracquemond un service de porcelaine destiné à être présenté à l’Exposition Universelle à Paris, inspiré d’Hokusai. La commande des deux cents pièces est passée à la Manufacture Lebeuf, Milliet et Cie installée à Creil et Montereau et connaitra un très grand succès à la suite duquel l’esthétique japonaise influencera désormais la production de Rousseau. En 1871, il travaille avec Henri Lambert qui réalise un service Boucheron japonisant, exposé à l´Union centrale en 1874.
En 1884, il est le premier à exposer du verre craquelé à l´Union centrale des arts décoratifs, réalisé selon une technique vénitienne du XVIe siècle. Il travaille beaucoup avec les verriers Appert Frères, localisés à Clichy, qui vont réaliser parmi ses plus belles pièces.
Reconnu dans le monde des arts parisien, il est membre de l´Union centrale des Arts décoratifs dès sa création en 1862, et reçoit la croix de chevalier de la Légion d´Honneur, le 25 juillet 1885.
En fin de carrière, il s’associe avec Ernest-Baptiste Léveillé, qui fut son élève. Léveillé rachète le fonds de son atelier rue Coquillière en 1885, et poursuit l’activité sous le nom de « Maison Rousseau et Léveillé réunies » jusqu’en 1890.