Légère craquelure de la peinture à signaler.
René Galant peint les Français, tels qu'ils sont – médiocres pour la plupart – et non comme ils devraient être. Témoin de son temps, Galant n'est pas un allégoriste. Il ne fait pas une peinture pour plaire. Appelé par Kischka, il rejoint naturellement le Groupe des Peintres Témoins de leur Temps, où Georges Besson découvre ce « chroniqueur visuel> dans ce Salon, grande messe de la figuration et du naturalisme qui da s les années 50-60 tient tête à la déferlante de l'abstraction.
Il prend sa place auprès de ses pairs, auprès de peintres qui comme Jansem sont gourmands de belle matière et d'accords rares. Galant est aussi éloigné de l'ordinaire dans ses harmonies que de la vulgarité dans ses déformations. Il expose auprès de Minaux et de Lorjou, deux membres du groupe de l'Homme Témoin, créé en 1949 pour la défense de la figuration.
Il va dans une savante cuisine de noirs, de gris et de roses dépeindre avec une chaleur qui n'exclut pas la férocité des français de tous les jours, ceux que l'on rencontre dans la rue les turfistes, les marchandes de salade, les marchandes de champignons, les ménagères, les joueurs, les dames de petite vertu, les femmes de peine, les paysans, les ouvriers à la mine, les habitants des bistrots et des terrasses de café, aussi bien que les loufiats, les marins, les filles, les vieux, les commerces, les joueurs d'échecs, les buveurs invétérés et les joueurs de pétanque.
Avec son intransigeance du vivant et du vrai, il le fait avec truculence et nous oblige quoique nous nous défendions de nous reconnaître en eux. Cet aspect primaire de la vie quotidienne, c'est la notre, c'est notre terrain, nos traditions, nos habitudes et nos defauts. Pour exprimer cela, ses personnages aux formes puissantes sont traités à gros traits, taillés à la serpe.
Il ya des tableaux qui nous parlent, d'autres qui ne nous disent rien – voir les expériences gratuites de certains abstraits. Par contre il y a des peintures qui nous coupent le souffle pour des jours, les œuvres de Galant sont de celles-là.
Lecteur de Dostoïevski, de Balzac, de Marcel Aymé, Galant restitue leur climat
Galant avec le temps prendra sa place sur les cimaises des grands musées, comme un chantre des cours, des rues et des petites gens.
René Galant est né en 1914 à Chalagnac en Dordogne. Il s'éteint à Montparnasse en 1997.
Source : catalogue de vente la vente Millon et associés du mercredi 10 octobre 2007