Le dessin du Louvre provient vraisemblablement d'un carnet. Ses dimensions sont proches de celles des feuilles du carnet conservé à la Pierpont Morgan Library (Inv. B3 030 A 22, vol. I, H. 0,198 ; L. 0,138, vol. II, H. 0,182 ; L. 0,125 environ).
Notre contre-épreuve est reproduite dans le catalogue de la galerie Romana, Paris, en juin 1987 (No 3, au graphite en bas à droite : « Bouchardon fec. », H. 0,205 ; L. 0,173).
Edmé Bouchardon (1698-1762) est un des grands sculpteurs du règne de Louis XV. Fils de sculpteur, il se forme chez Guillaume Coustou puis obtient le prix de Rome en 1722. Il séjourne 9 ans en Italie où il ne cesse de dessiner d'après l'antique et les sculptures baroques. A son retour, il est nommé sculpteur du Roi.
On lui connaît une cinquantaine de statues. Parmi ses réalisations majeures, on compte la fontaine de la rue de Grenelle. Elle illustre son intérêt pour la problématique de cet élément urbain, qu'il avait développé dans son projet pour celle de Trévi. L'Amour se faisant un arc de la massue d'Hercule (1750) conservé au musée du Louvre est un autre de ses chefs-d'œuvre. Cette sculpture, commandée par le directeur des Bâtiments du roi, Philibert Orry, est destinée au château de Versailles. Il aime également entourer des jeunes génies ou enfants d'animaux fabuleux (Enfant chevauchant un dauphin, plâtre au Musée de Los Angeles et un des hauts reliefs du Salon des Dauphins de l'ancien Palais des Princes-Evêques de Liège). Ce sont soit des hauts reliefs, soit des plâtres ou des bronzes souvent datés et signés. Il réalise en 1758 dans son atelier de fonderie de la rue du Faubourg-du-Roule (emplacement des actuels 195 à 205 rue du Faubourg-Saint-Honoré) une statue équestre de Louis XV transportée par chariot place Louis XV (place de la Concorde). Sa mort en 1762 interrompt sa conception du piédestal. On le considère comme un point d'équilibre entre la sévérité de l'Antique et la grâce du naturel rocaille. Il est également vu comme un précurseur du néoclassicisme en sculpture et connu pour ses talents de dessinateur, considéré d'ailleurs par ses contemporains comme le plus doué de son temps.
Le dessin est encadré dans un cadre en bois sculpté et doré de style Louis XVI. En l'absence de ce cadre, il mesure 21,8x17,4 cm. Le papier présente quelques rousseurs
Une contre-épreuve, pratique courante au XVIIIe siècle, consiste à appliquer une feuille humidifiée sur un dessin à la pierre noire ou à la sanguine, et à passer l'ensemble sous presse. Le résultat en est un dessin inversé, plus pauvre en matière. Les artistes utilisaient cette technique pour dupliquer leurs dessins, mais aussi pour inverser leurs compositions, n'hésitant pas à les reprendre à la sanguine, à l'aquarelle ou à la plume.