Table basse incrustée
Divers bois (noyer, cerisier, bois de rose, bosquet), cm 78,5 x 79,5 x 81
Le profond renouvellement de l’ébénisterie, d’abord lombarde, puis nationale et ensuite européenne, a eu lieu avec l’abandon progressif des styles rococo de la fin du XVIIIe siècle. La production lombarde de meubles en marqueterie perdura jusqu’aux années Quarante/Cinquante du XIXe siècle, concentrant dans un demi-siècle des exemplaires extraordinaires de ce heureux changement. Le protagoniste incontesté de la scène artistique du Milan néoclassique était Giuseppe Maggiolini, le premier ébéniste à être défini, par les sources contemporaines, artiste. Déjà actif à la fin du XVIIIe siècle, Maggiolini a rapidement mis de côté le langage rococo répétitif grâce à la convocation à la cour de Ferdinand d’Habsbourg, l’archiduc installé dans la ville de Ménéghine dans les années soixante-dix. Dans ce contexte illuminé, Maggiolini a eu l’opportunité de collaborer avec les représentants les plus à jour du domaine artistique et architectural, engagés dans les chantiers archiducaux des actuels Palais Ducal de Milan et Monza.
Le présent, d’une claire invention lombarde, reflète l’incisivité de l’art de Maggiolini : on y figure, dans un subtil jeu de symétries sinueuses, des modules ornementaux audacieux autour d’un octogone central. Les plaquettes périmétriques internes à la plaque en noyer sont enrichies de volutes phytomorphes élaborées dans une alternance de fleurs et de feuilles lobées ; La présence de tritons et de dauphins dans le segment le plus étendu ainsi que des dauphins à queue enroulée aux coins de l’octogone de contour contribuent à centrer visuellement la composition principale, constituée de fleurs et de racèmes rayonnés. Le filetage en bosso délimite la vivacité des couleurs du bois de cerisier et du bois de rose, accentuant dans une alternance vibrante la préciosité du produit.