Adoration des Bergers - Entourage de Maarten de Vos, fin du XVIe siècle

Huile sur panneau de chêne. Ecole anversoise de la fin du XVIe siècle.
Notre composition met en scène l’Adoration des bergers, épisode de la Nativité dont il est le prologue. L’Evangile selon Luc est laconique sur le sujet : « Marie enfanta un fils et le coucha dans une crèche parce qu’il n’y avait pas de place pour elle à l’auberge ». Ce thème se développe et s’ancre dans l’iconographie artistique chrétienne à partir de la Renaissance.
Ici la Vierge est représentée agenouillée devant l’Enfant, celui-ci reposant sur un lit improvisé couvert de paille. Derrière elle, le vieil homme à la barbe grisonnante qui s’incline n’est autre que Joseph remerciant Dieu de l’avoir fait père. L’âne et le bœuf se tiennent tout près. Autour d’eux, les bergers et deux anges s’inclinent devant le Messie et complètent le tableau. Au premier plan, de part et d’autre de la composition, deux hommes, probablement un père et son fils, ayant revêtu l’aube qui témoigne de leur foi, s’agenouillent en priant. Ce sont les donateurs de l’œuvre, ceux qui ont commandé et payé le tableau.
Sur notre grand panneau, la piété des protagonistes est perceptible et la grande douceur qui y règne offre au spectateur le déroulé d’une scène intime où les bergers apportent leurs modestes présents – agneau, panier de fruits et une curieuse miction -  au fils de Dieu. Au sommet de la composition, dans un halo de lumière, l’ange de l’Annonciation qui a guidé les bergers vers la crèche de la Nativité.
Notre peinture, dont les caractéristiques stylistiques ne trompent pas, s’inscrit clairement dans la production du foisonnant foyer artistique qu’est Anvers dans cette seconde moitié du XVIe siècle. Et l’on peut la situer plus précisément dans le périmètre immédiat du peintre d’histoire le plus important de cette période : Maarten de Vos.

Notre grand panneau est présenté dans un cadre à casseta en bois noirci et doré.
Dimensions : 93 x 76 - 112 x 94 cm avec le cadre
Vendu avec facture et certificat d’expertise.

Maarten (Maerten, Martin ou encore Marten) de Vos (Anvers 1532 – Id. 1603) est un peintre et dessinateur prolifique de la seconde moitié du XVIe siècle. Initialement formé par son père Pieter, lui-même peintre, c’est probablement sous le tutelle du grand Frans Floris qu’il trouve sa voie de peintre d’histoire. Dans les années 1550, il entreprend le voyage en Italie accompagné de Pieter Brueghel l’Ancien, et séjourne dans plusieurs villes dont Venise où, selon Carlo Ridolfi, il aurait travaillé dans l’atelier du Tintoret. Les influences vénitiennes sur l’œuvre de De Vos corroborent cette hypothèse. De retour à Anvers en 1558, il est reçu à la guilde de Saint-Luc. Après la fureur iconoclaste des années 1560 durant lesquelles la plupart des peintures sont brulées par les foules protestantes, et Frans Floris ne se remettant pas de la destruction de la plupart de ses œuvres, Maarten de Vos devient le peintre d’histoire le plus en vue à Anvers. Il est invité à redécorer la plupart des églises d’Anvers. A propos de son immense production dessinée, Karel van Mander dit: « Les nombreuses estampes que divers graveurs ont exécutées d'après ses dessins nous montrent surabondamment sa facilité de composition, son adresse à grouper les figures, en un mot, son génie. Ces planches sont en tel nombre qu'on peut dire que Martin De Vos égale, s'il ne surpasse en fécondité, l'autre Martin, je veux dire Martin Heemskerck. Il était abondant, correct et précis dans son dessin. »      

Bibliographie :
- JONCKHEERE Koenraad, Antwerp art after Iconoclasm : experiments in decorum : 1566-1585, Yale University Press, 2012
- BAUDOIN, Frans, De Bruegel à Rubens, l’école de peinture anversoise 1550-1650, catalogue de l’exposition d’Anvers (déc. 1992 – mars 1993), Snoeck-Ducaju & Zoon, 1992
- VAN MANDER Karel, Vies des plus illustres peintres des Pays-Bas et d’Allemagne, 1604, réédition traduite Les Belles Lettres, 2002
- REAU Louis, Iconographie de l’Art Chrétien (vol. 2), PUF, 1957.