Napoléon dans son cabinet de travail
1864
Signé daté E. Fichel 1864
Huile sur panneau
28,5 x 21,3 cm sans cadre, 50,5 x 45 cm avec son cadre d'origine
Expositions
Probablement présenté à l’exposition annuelle du Cercle de l’Union Artistique 1865
Provenance
Probablement collection de la Princesse Mathilde Bonaparte
Collection privée française
Benjamin Eugène Fichel est né le 30 août 1826 à Paris. Son talent précoce lui permet d’entrer à l'École des Beaux-Arts dès l'âge de quinze ans, où il devient finalement l'élève de Martin Drolling et de Paul Delaroche. Compte tenu de son très jeune âge et de la formation rigoureuse nécessaire pour être élève de l'École des Beaux-Arts, Fichel n'expose son premier tableau qu'au Salon de 1849, où il présente Sainte Famille, Portrait de Hadji-Add-Hamid-Bey, et le Portrait de M.L. Fichel expose par la suite régulièrement et abondamment au Salon, commençant par de nombreux portraits, mais exposant plus tard, principalement des scènes de genre inspirées du XVIIIe siècle. Il s’essaye également avec succès au grand genre : la peinture d’histoire avec des tableaux tels qu’Ouvrez au Nom du Roi au Salon de 1867. On compte parmi ses thèmes historiques de prédilection la légende napoléonienne. Dans un style très proches de Meissonnier, il peint des épisodes mettant en scène Napoléon Ier. Ainsi en 1865 à l’exposition annuelle du Cercle de l’Union Artistique il présente trois tableaux napoléoniens, dont un Napoléon dans son cabinet de travail qui est vraisemblablement notre tableau. Ces œuvres sont remarquées par la presse et notamment par le grand critique Louis Auvray qui écrit à ce sujet :« Le rival de M. Meissonier, M. Fichel, est devenu un véritable peintre d'histoire. Sa couleur a moins d'éclat que celle du chef de l'école de peinture microscopique, mais elle est plus sévère, plus solide, qualités qui conviennent à ces trois sujets qu'il a traités avec talent : la première visite de Mme de Beauharnais au général Bonaparte ; Napoléon dictant des ordres, et Napoléon dans son cabinet de travail. Ce dernier est aujourd'hui dans les salons de S.A. I. la princesse Mathilde, à laquelle il appartient. »[1] Au cours de sa carrière au Salon, Fichel reçoit plusieurs prix et continue d'y exposer jusqu'à sa mort en 1895. Il reçoit une médaille de troisième classe en 1857 pour Une Matinée dramatique; une mention en 1861 pour plusieurs œuvres dont La Première Leçon d'Armes, Chanteurs ambulants, Dans un Cabaret et Baptême de Mlle Clairon ; une médaille en 1869 pour La Nuit du 24 août 1572, avant les massacres et Le Fou qui vend la Sagesse – d'après une fable de La Fontaine ; et une médaille d'argent à l'Exposition Universelle de 1889. Fichel obtint l'une de ses plus hautes distinctions en 1870 lorsqu'il fut nommé chevalier de la Légion d'honneur. À la fin de sa carrière, il avait conquis « une place enviée parmi les peintres de genre de l’école française du XIXe siècle », il meurt en 1895 à Paris. Nombre de ces œuvres sont aujourd’hui conservées dans les collections publiques et notamment au musée d’Orsay, au musée Magnin, ainsi que dans les musées des Beaux-Arts des villes de Dijon, Lille, Rennes, Rouen et Bordeaux, mais également dans des institutions étrangères telles que la Royal Collection ou le musée d’Amsterdam.
Une image célèbre
Rares sont les œuvres représentant des sujets napoléoniens par Fichel qui nous soient parvenues. Néanmoins en 1864, année de réalisation de notre peinture, il peint deux autres tableaux ayant pour sujet l’Empire et qu’il présente au Salon de 1865, il s’agit de Napoléon rendant à Eugène l’épée de son père et Napoléon combinant ses manœuvres. Cette production de sujets tirés de l’Empire pour laquelle il a été largement salué par la critique reste à priori à ce jour inconnue excepté pour notre œuvre. La scène reprend la tradition iconographique consistant à dépeindre Napoléon dans son cabinet de travail. Cette image immortalisée par Jacques-Louis David et pard’autres artistes tels que Jean-Baptiste Isabey met l’accent sur le chef d’État. Il est généralement représenté entouré d’objets de pouvoir tels que des documents administratifs, le Code civil dans le tableau de David ou encore la carte dans notre tableau. Les œuvres soulignent également le travail acharné de Napoléon. Le monarque était effectivement connu pour dormir très peu et passer la plus grande partie de la nuit dans son bureau. Chez David c’est la bougie consumée qui donne cette indication, chez Fichel c’est l’atmosphère assez sombre du tableau qui révèle le travail nocturne de Bonaparte. Notre œuvre correspond pleinement aux tableaux historiques de petit format de Fichel encensés par la critique. Dans une huile sur panneau permettant un trait précis et incisif, l’artiste brosse le portrait d’un homme d’État. Assis, en habit de général, il étudie une carte, semblant ainsi réfléchir à ses prochaines manœuvres. Le peintre dans un format très intimiste rend hommage au grand stratège qu’était Bonaparte. Dans une ambiance feutrée à l’abri des regards, il invite le spectateur à partager l’intimité du grand homme et à entrer ainsi dans un pan de l’Histoire. [1] Auvray Louis, Revue artistique et littéraire, aux bureaux de la Revue, Paris, 1865, p.100
Littérature
- Auvray Louis, Revue artistique et littéraire, aux bureaux de la Revue, Paris, 1865
- Le Pays : journal des volontés de la France, 08-02-1865
- Véron Pierre, Les coulisses de la vie artistique, E. Dentu, Paris, 1876,
- Montrosier Eugène, Les artistes modernes ; contenant quarante biographies, Quatrième partie :Peintres divers, Librairie artistique, Paris, 1884