- en trèsbon état
- Réalitémonstrueuse -
Inspiré parl'art de Giuseppe Arcimboldo, Reiner Schwarz crée des têtes composées defragments qui s'emboîtent les uns dans les autres, non pas avec des éléments dela flore et de la faune, mais avec des parties du corps humain. L'effet monstrueux est accentué par lefait qu'un visage est un masque relevé, derrière lequel se révèle le véritablevisage. Le masque de la beauté de la Renaissance vénitienne est nettement plusfade que le véritable visage, moqué par les plumes de paon, qui, à sa manière,présente néanmoins une beauté expressive et mystérieuse, contrecarrantcependant l'idéal formulé par le masque. En adressant le masque de la bellefemme à l'art de la Renaissance, l'image est également un commentaire surl'histoire de l'art qui, au lieu de percevoir la réalité monstrueuse,représente le monde imaginaire de la beauté idéale.
Sur l'artiste
Après avoir étéexpulsé de Hirschberg en Silésie, Reiner Schwarz a passé sa jeunesse à Hanovre.En 1960, il entame des études à la Hochschule der Künste de Berlin sousla direction de Mac Zimmermann, et commence à réaliser ses premièreslithographies. En 1962, il effectuedes voyages d'études à Florence et à Venise, puis en 1965 à Rome. Ce qui lefascine particulièrement dans l’art italien, c’est la peinture siennoise et lemaniérisme. En 1964, sa première exposition personnelle a lieu à la Galerie Schnoorde Brême, marquant le début de plus de 150 expositions en Allemagne et àl'étranger.En 1974, ReinerSchwarz installe son propre atelier d’impression à Berlin, où il perfectionnela technique de la lithographie, utilisant jusqu'à 17 couleurs sur différentspapiers teintés. En 1987, une rencontre artistique avec Rolf Münzer et PeterSchnürpel à l’atelier Kätelhön l’inspire à délaisser la figure humaine pourexplorer, comme traces mélancoliques de souvenirs, le monde des objets duquotidien « abandonnés et isolés ». Il utilise alors de grands papiersd’emballage provenant de RDA. En 1990, Schwarz devient membre duKünstlersonderbund en Allemagne.La galerieBrusberg, qui a représenté l'artiste pendant plus de 20 ans, a publié en 1984un catalogue raisonné de ses lithographies. « Il ne voulait pas être seulement undessinateur, mais un interprète, un re-interprète, un nouveau lecteur du monde,un métaphoricien qui crée des mutants et qui, ce faisant, donne à voir ce quiest universellement connu et apparemment banal d'une manière inédite — ce quiest justement en train de passer à l’éternité : ce moment à la fois long etbref d’un présent trop éphémère, une nature à côté de la nature, une réalité àcôté de la réalité. C’est donc un réalisme subversif qui remet en question notrepensée quotidienne, qui refuse un accès rapide aux choses par une précisionexcessivement raffinée, qui déjoue la reconnaissance, dénature le monde et letransforme en image trompe-l’œil […]. » — Edwin Kratschmer