- en excellent état
- La tête du chapeau -
La tête de la figure féminine représentée de profil s’étend au-delà des joues et de la racine des cheveux, se transformant en un paysage corporel à la fois monstrueux et énigmatique. Ce n’est donc pas un simple prolongement de la tête, comme le montre clairement l’oreille déplacée vers l’arrière. Le paysage de la tête est encadré en bas par une main envahissante et en haut par une plume de paon. La plume, qui suit la forme arrière de la tête, est tenue par une autre figure féminine sans visage surgissant au-dessus de l’oreille, accentuant encore le mystère de l’image — d’autant plus que ce « chapeau » et la tête ne forment qu’un seul ensemble.
Sur l'artiste
Après avoir été expulsé de Hirschberg en Silésie, Reiner Schwarz a passé sa jeunesse à Hanovre. En 1960, il entame des études à la Hochschule der Künste de Berlin sous la direction de Mac Zimmermann, et commence à réaliser ses premières lithographies. En 1962, il effectue des voyages d'études à Florence et à Venise, puis en 1965 à Rome. Ce qui le fascine particulièrement dans l’art italien, c’est la peinture siennoise et le maniérisme. En 1964, sa première exposition personnelle a lieu à la Galerie Schnoor de Brême, marquant le début de plus de 150 expositions en Allemagne et à l'étranger. En 1974, Reiner Schwarz installe son propre atelier d’impression à Berlin, où il perfectionne la technique de la lithographie, utilisant jusqu'à 17 couleurs sur différents papiers teintés. En 1987, une rencontre artistique avec Rolf Münzer et Peter Schnürpel à l’atelier Kätelhön l’inspire à délaisser la figure humaine pour explorer, comme traces mélancoliques de souvenirs, le monde des objets du quotidien « abandonnés et isolés ». Il utilise alors de grands papiers d’emballage provenant de RDA. En 1990, Schwarz devient membre du Künstlersonderbund en Allemagne. La galerie Brusberg, qui a représenté l'artiste pendant plus de 20 ans, a publié en 1984 un catalogue raisonné de ses lithographies.
« Il ne voulait pas être seulement un dessinateur, mais un interprète, un re-interprète, un nouveau lecteur du monde, un métaphoricien qui crée des mutants et qui, ce faisant, donne à voir ce qui est universellement connu et apparemment banal d'une manière inédite — ce qui est justement en train de passer à l’éternité : ce moment à la fois long et bref d’un présent trop éphémère, une nature à côté de la nature, une réalité à côté de la réalité. C’est donc un réalisme subversif qui remet en question notre pensée quotidienne, qui refuse un accès rapide aux choses par une précision excessivement raffinée, qui déjoue la reconnaissance, dénature le monde et le transforme en image trompe-l’œil […]. »
— Edwin Kratschmer