UN PUBLIC REGARDANT UN SPECTACLE NAUTIQUE,
PEUT-ÊTRE UNE FÊTE ORGANISÉE PAR LE DUC D'ORLÉANS
Porte le cachet du marchand l.l. (L.4461)
Aquarelle avec plume, encre et craie noire sur papier
17,5 x 24,5 cm
PROVENANCE:
Avec Jean de Cayeux, Galerie Cailleux, Paris (Lugt 4461)
EXPOSÉ :
Paris & Genève, Galerie Cailleux, Des Monts et des Eaux, 1980-81, 23 septembre - 30 octobre 1980 & 17 novembre - 17 janvier 1981, 1980, no. 20 ;
Paris, Galerie Cailleux, Le Dessin en Couleurs 1720-1830, 5 juin-13 juillet 1984, n° 35
Jean de Cayeux a écrit dans la notice du catalogue de cette œuvre, lors de son exposition en 1984, que le sujet serait une fête organisée à Saint-Ouen en 1784 par le duc d'Orléans. Il existe une étude de cette œuvre à la pierre noire, autrefois attribuée à Augustin de Saint-Aubin, qui constitue une étude préliminaire pour notre feuille (localisation actuellement inconnue).
Moreau le Jeune a dessiné au moins une autre célébration à thème nautique, La Fête de la Fédération, le 14 juillet 1790, à une échelle beaucoup plus grande, mais uniquement à la plume et à l'encre noire. Cette œuvre est proposée chez Artcurial, Paris, le 9 juin 2021, lot 45.
Jean-Michel Moreau, dit Moreau Le Jeune pour le distinguer de son frère aîné Louis-Gabriel, est né à Paris. Il étudia d'abord auprès de Louis-Joseph Le Lorrain, peintre et graveur français qui réalisa des caprices italianisants à la manière des autres disciples d'Hubert Robert, nommé premier directeur de l'Académie des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg en 1757. Moreau accompagna son professeur dans la capitale russe, l'aidant brièvement à enseigner le dessin à l'Académie, avant de revenir à Paris deux ans plus tard, après la mort inattendue de Le Lorrain en 1759.
Malgré ce premier échec, Moreau trouva rapidement du travail chez le graveur Jacques-Philippe Lebas, pour lequel il réalisa des reproductions de tableaux contemporains et de dessins de maîtres anciens, permettant aux graveurs de travailler et d'étudier la gravure à l'eau-forte. Durant cette période, Moreau dessina également le Recueil d'antiquités du comte de Caylus, une importante et ambitieuse collection en plusieurs volumes, l'un des ouvrages sur les antiquités les plus lus du XVIIIe siècle. La majeure partie de son travail pour Lebas consistait à illustrer des livres, notamment des œuvres d'Ovide, de Boccace, de Molière et de Rousseau. Ses premières commandes provenaient de l'éditeur Laurent François Prault. Rien qu'en 1760, il créa les frontispices de plusieurs ouvrages, dont les éditions de Prault du Pastor fido, des Rimes de Pétrarque, du Décaméron et de la Divine Comédie de Dante. De plus, Moreau réalisa des vignettes pour l'Histoire de France d'Hérault.
En 1770, Moreau succéda à Charles-Nicolas Cochin comme dessinateur en chef des Menus Plaisirs du Roi, recommandé par ce dernier. Ce poste l'amena à créer une série de gravures célébrant le mariage du Dauphin et son couronnement ultérieur sous le nom de Louis XVI. Le roi, visiblement impressionné par Moreau, le nomma dessinateur et graveur du Cabinet du Roi en 1781, ce qui lui valut un logement au Palais du Louvre. C'est dans ce rôle que Moreau en vint à concevoir les nombreuses festivités de la cour et à les immortaliser dans des dessins de présentation (la présente œuvre abordant un thème comparable).
Moreau fut reçu membre titulaire de l'Académie royale étonnamment tard dans sa carrière, en 1789 ; cependant, contrairement à nombre de ses pairs, la Révolution ne l'entravait pas (il faut préciser qu'il la soutint même, malgré sa position à la cour). Il continua à produire des illustrations pour des livres et fut nommé professeur aux écoles centrales nouvellement réformées en 1797. Homme remarquablement diplomate, Moreau prospéra même sous la Restauration des Bourbons, reprenant son ancien poste royal peu avant sa mort.