Victor-jean Nicolle -une Ville Côtière Imaginée Avec Une Cascade

VICTOR-JEAN NICOLLE (1754-1826)

UNE VILLE CÔTIÈRE IMAGINÉE AVEC UNE CASCADE
Signé l.l. Nicolle
Aquarelle à la plume et à l'encre sur papier vergé
Filigrée D&C Blauw
28 x 36 cm

PROVENANCE :
Collection particulière, France




Cette œuvre est un capriccio exceptionnellement grand et inventif de Nicolle, spécialiste des vues architecturales italianisantes à petite échelle, notamment de Rome. Composée d'éléments architecturaux empruntés, probablement tirés d'un carnet de croquis riche de ces inspirations, cette vue illustre parfaitement l'imagination fertile de l'artiste : un petit amphithéâtre se dresse derrière une cascade, avec des temples, des aqueducs et des colonnades disséminés dans une ville classique à plusieurs niveaux, sur le littoral.

Il est possible que cette œuvre n'ait jamais été destinée à la vente du vivant de l'artiste : une petite restauration du papier en bas à droite est considérée par notre restaurateur comme d'époque, car les lignes de chaîne du papier sont identiques à celles de la feuille principale, mais en sens inverse. Il est donc peu probable que Nicolle ait offert l'œuvre à un client. Malgré la réparation, l'œuvre est une remarquable survivance et témoigne avec brio de l'ingéniosité créatrice de l'artiste.

Victor-Jean Nicolle se forma à Paris à l'École Royale Gratuite de Dessin, fondée par Jean-Jacques Bachelier (1724-1806). Nicolle remporta le Grand Prix de Perspective en 1771 et, après avoir obtenu son diplôme, entra dans l'atelier d'architecture de Louis François Petit-Radel (1739-1806), qui, sous le Premier Empire, devint inspecteur général des bâtiments civils et construisit, entre autres, l'abattoir du Roule.

La spécialisation et la formation architecturales de Nicolle lui furent très utiles lors de ses longs séjours à Rome, qui semblent s'être déroulés entre 1787-1798 et 1806-1811. Souvent riches en détails anecdotiques, les dessins de Nicolle datant de sa période italienne sont presque tous d'une précision topographique rigoureuse. Ils constituent ainsi un témoignage documentaire important de l'apparence de la Ville Éternelle à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle. Comme de nombreux artistes romains avant lui, Nicolle s'inspirait des caprices d'Hubert Robert et réalisait lui-même plusieurs de ses propres dessins (dont la présente œuvre est un excellent exemple). Nicolle réalisait généralement des dessins « sur le motif » à la plume et à l'encre, qu'il finalisait ensuite à l'aquarelle dans son atelier. Bien que surtout connu pour ses vues romaines, il réalisa également des dessins d'autres villes d'Italie, notamment Bologne, Venise, Vérone, Naples et Florence, tandis qu'en France, il réalisa de nombreuses études de Paris et de ses environs.

Bien qu'il n'ait jamais exposé aux Salons, sa réputation de topographe était telle qu'en 1810, Napoléon lui commanda cinquante aquarelles des principaux monuments de Paris, destinées au mariage de l'impératrice Marie-Louise et aujourd'hui conservées à Malmaison. D'autres ensembles importants de dessins de Nicolle sont aujourd'hui conservés au Louvre, au musée Carnavalet et à la Bibliothèque nationale de Paris, ainsi qu'aux musées de Rouen et de Lille.