Portrait d'un jeune matelot
Huile sur toile.
Signé en bas à gauche Cals.
Cadre d'origine en bois doré, accidents, manques.
Dimensions : H. 32,5 cm, L. 25 cm
Dimensions avec cadre : H. 47 cm, L. 39,3 cm
Notre portrait semble figurer un matelot de la Marine, avec son col échancré auréolé de bleu. Le sujet est représenté frontalement, les yeux fixés vers le lointain, dans une attitude naturelle et sereine, les lèvres délicatement dessinées pour esquisser de menues fossettes dans les commissures, la pointe des cheveux brunie, comme aplatie par la pression récente d'un couvre-chef.
La manière de l'artiste, pénétrée de gris, cherche à se rapprocher au plus de l'intimité du modèle. C'est le critique d'art Paul Lafond qui en parle le mieux dans un article de la Gazette des Beaux-Arts publié en 1898 : Cals dessine par l'ombre et la lumière. (…) Chez lui, la ligne est toujours émoussée, fondue, comme noyée ou perdue (…) Sa peinture très simple, doucement caressée, très enveloppée, ouatée même(...).
Adolphe Félix CALS (1810 Paris - 1880 Honfleur)
Peintre et graveur français, portraitiste et paysagiste, considéré par certains comme le chaînon méconnu entre Corot et les impressionnistes. Il est reconnu pour sa touche fondue et transparente à même de restituer les vibrations de la lumière au moyen de tonalités grisées.
D'origine modeste, doté de dons précoces, Cals entre tôt en formation auprès du graveur parisien Jean-Louis Ansellin puis passe par différents ateliers de gravure. En 1828, il intègre L'Ecole des Beaux-Arts dans l'atelier de Léon Coignet. Son maître n'est pas tendre avec lui, à qui il reproche une proximité coupable avec Corot.
A partir de 1835, il expose annuellement au Salon officiel des portraits et des paysages. C'est l'époque où il peint pour le plaisir sur le motif au cours de promenades sur la Butte Montmartre ou dans les environs de Paris, parfois aux côtés de Daubigny.
En 1860, s'ouvre une nouvellepériode, moins difficile financièrement quand Pierre-Firmin Martin dit « le père Martin », célèbre marchand de tableaux parisien, le prend sous son aile. Il lui procure des commandes et lui présente le Comte Doria, son futur mécène, qui l'accueille dans son château d' Orrouy. De 1869 à 1870, il peint paysages, intérieurs et portraits qu'il vend aux amis du Comte.
Même s'il appartient à une génération antérieure aux principaux protagonistes du mouvement impressionniste, Cals ose s'afficher dès 1863 au Salon des Refusés aux côtés des Degas, Monet ou Pissaro. Il restera un compagnon de route fidèle puisqu'il participe à la majorité des expositions impressionnistes jusqu'à son décès.
C'est en Normandie, région qu'il découvre pendant son service militaire effectué à Rouen, que Cals vit sa période la plus heureuse, celle du bonheur de peindre comme le décrit son biographe Arsène Houssaye. En 1873, il s'installe définitivement avec sa fille à Honfleur où il fréquente la colonie d'artistes installés à la ferme Saint-Siméon, comme Boudin et Jongkind qui devient un proche ami.
Pendant les dix dernières années de sa vie, il peint la mer, le port, les petites gens, paysans comme marins.