Lorenzo Greuter (Rome, 1620 – 1668) Portrait d'Une Dame En Robe Orientale Huile Sur Toile

Lorenzo Greuter (Rome, 1620 – 1668)
Portrait d'une dame en robe orientale
Huile sur toile, 95,5 x 77 cm
Carte éditée par le Dr Max Pulini

Cette fascinante figure féminine, élégamment vêtue d'un costume « turc », avec turban, manteau brodé et bijoux orientaux, s'inscrit dans la riche tradition de la Rome du XVIIe siècle en matière de portraits allégoriques et de sujets exotiques. La dame est représentée à mi-corps, le regard dirigé vers l'observateur, tandis que dans une main elle tient des flèches, suggérant une possible identification avec Diane ou une personnification symbolique de la chasse ou de la force féminine.
Le visage, plein mais modérément idéalisé, le riche rendu des tissus et les reflets sur les soies et les voiles rappellent la culture picturale du Caravage, filtrée à travers les expériences classicistes de Rome et de Toscane.
Le tableau a été attribué par Massimo Pulini à Lorenzo Greuter, peintre actif à Rome dans la première moitié du XVIIe siècle, fils du graveur et cartographe Matthäus Greuter. L'œuvre montre une synthèse intéressante entre l'héritage nordique de son père et la culture visuelle romaine, avec des échos de la peinture de Simon Vouet, Giovanni Baglione et Guercino, mais aussi avec une sensibilité chromatique qui prélude à l'école toscane.
Une comparaison directe peut être faite avec la Chasseresse en costume oriental de Cesare Dandini (Florence, Collection Niccolini), qui partage à la fois le choix d'un sujet féminin idéalisé en vêtements exotiques, ainsi que la pose langoureuse et l'accentuation du drapé. Cependant, la figure de Greuter se distingue par une plus grande concrétude physionomique et une attention à la texture matérielle plus proche de la culture nord-européenne. Des comparaisons éloquentes peuvent être celles avec l'Allégorie de la Sculpture des Musées Civiques de Pesaro ou l'Allégorie de l'Astronomie sur le marché des antiquités (Bologne, Art International, mai 2021).
L'œuvre fait partie du genre dit des « belles femmes », un genre très populaire au XVIIe siècle, qui mêle allégorie, portrait et sensualité. La présence de l'arc et des flèches fait référence à Diane, mais l'absence d'attributs naturalistes ou lunaires suggère plutôt une invention du goût orientaliste, peut-être inspirée par la mode ottomane diffusée dans la peinture européenne par le commerce et l'influence des ambassades levantines.