Ce tableau de Pierre-Nicolas Euler présente un bouquet champêtre dans un pichet en faïence décoré, posé sur une table recouverte d’un tissu ocre. Les fleurs, principalement des marguerites blanches et des bleuets, jaillissent avec naturel, certaines tombant sur la table. La composition, dynamique et lumineuse, met en valeur la fraîcheur et la spontanéité du bouquet. Le fond brun neutre fait ressortir la vivacité des couleurs. Euler démontre ici sa virtuosité technique et son sens de l’harmonie, offrant une nature morte vibrante, empreinte de poésie et de réalisme.
Pierre-Nicolas Euler est un peintre lyonnais spécialisé dans la peinture de fleurs. Il entre à l'École nationale des Beaux-Arts de Lyon en 1860, dans la classe de fleurs dirigée par Jean-Marie Reignier, dont il devient l’élève entre 1860 et 1865. Bien que fils d’un étranger, il est admis par décision exceptionnelle de la préfecture du Rhône. Il s’y distingue rapidement par une audace et une dextérité qui surpassent parfois celles de son maître.
Il commence à exposer à Lyon dès 1872, puis à Paris à partir de 1895. Après une période à Paris où il ouvre un cabinet de dessin, il revient s’installer à Lyon à la fin du XIXe siècle pour se consacrer exclusivement à la peinture florale. Son style, d’abord jugé trop « théâtral » et « tapageur », finit par être salué pour sa maîtrise de la lumière, son sens de la composition et l’originalité de son couteau à palette.
Parmi ses sujets de prédilection figurent les violettes, les pivoines et les roses. Il aime peindre les bouquets sur fond neutre, jouant des effets de lumière et des « montées de tons » pour exalter la matière même des fleurs. Ses œuvres — telles que La Saison des violettes ou La Saison des boutons d’or — sont exposées aux Salons lyonnais et parisiens où il reçoit plusieurs récompenses, dont une médaille en 1895 et une médaille du Salon en 1904.
Membre de la Société lyonnaise des Beaux-Arts depuis sa fondation, il y joue un rôle actif, siégeant longtemps au comité. Il est également connu comme dessinateur industriel, un métier qu’il exerce à Paris avant de se consacrer exclusivement à l’art.
Selon son ami Louis Rogniat, « il peignit jusqu’au dernier jour avec le même entrain, le même talent. »