Giuseppe Maria Crespi compte parmi ces peintres italiens encore influencés par le caravagisme. Le modèle qu’il représente ici est saisi dans un clair-obscur marqué, où les carnations lumineuses contrastent vivement avec un fond brun profond. Ce jeu d’ombres et de lumières renforce la sensualité émanant de la scène. La grâce du personnage, accentuée par un léger déhanchement, puise ses origines dans le maniérisme de la Renaissance italienne et ajoute une touche charnelle à la composition.
Ce sentiment est prolongé par le mouvement fluide du bras droit, qui accompagne les courbes harmonieuses de Flora. Déesse poétique par excellence, Flora a inspiré à plusieurs reprises l’artiste, comme en témoignent d’autres œuvres connues la représentant. Ici, Crespi choisit de peindre cette divinité romaine de la fécondité et du printemps dans une scène intimiste, traitée avec simplicité et sobriété chromatique.
Cependant, cette composition peut également prêter à une lecture plus spirituelle. Car au-delà de la sensualité apparente, l’attitude agenouillée de la jeune femme rappelle l’humilité des figures pieuses, telles que Sainte Madeleine renonçant aux vanités du monde. Crespi mêle ainsi subtilité religieuse et sensualité profane avec une grande finesse.