Ce somptueux bouquet révèle toutela virtuosité de Eugène Baudin: la matière picturale est appliquée en touchesépaisses, presque fougueuses, conférant aux pétales et feuillages une présencevibrante et sensuelle. Les couleurs franches et contrastées, du violet profonddes iris au blanc éclatant des pivoines, s’animent sous une lumière subtile,tandis que le fond sombre met en valeur la composition florale, accentuant sonélégance et sa modernité. La présence d’objets raffinés – aiguière, verre àpied – inscrit l’œuvre dans la grande tradition du « still life » touten témoignant d’une audace et d’une liberté propres à l’École lyonnaisemoderne. Un tableau emblématique de la maturité de Baudin, alliant briotechnique et raffinement décoratif.
Inscrit dès son jeune âge àl’École des Beaux-Arts de Lyon, il est formé par Marc Laurent Bruyas, lepeintre de fleurs Jean-Marie Reignier, et Jean-Claude Bonnefond. Sa premièreexposition a lieu au Salon de Lyon en 1863, où il obtient une médaille d’or en1905. Il expose également à Paris, où une rétrospective posthume de ses œuvresest organisée lors du Salon d’Automne de 1907.
En 1865, il ouvre un cabinet dedessin avec son ami Méssoniat, tout en travaillant comme dessinateur pour lamaison de soierie Agnès, Bresson et Cie. Cependant, en 1896, il décided’abandonner cette activité pour se consacrer pleinement à la peinture de paysages.Il immortalise principalement des scènes lyonnaises, bretonnes, etméditerranéennes.
Les paysages de Baudin se distinguent par une exécution parfois spectaculaire, avec des couches de peinture épaisses et des couleurs contrastées. Ses somptueuses compositions florales partagent ce même éclat et cette audace. En revanche, son approche devient plus sobre et délicate lorsqu’il s’attelle à des nus ou des paysages empreints de symbolisme, témoignant de la polyvalence et de la sensibilité de son art.