Démon et beauté - Japon gouache kakemono Kawanabe KYOSAI ? (1831-1889) #336

Kyosai Kawanabe est un peintre caricaturiste de l’ère Meiji. Son style, empreint de fantaisie et de liberté, l’inscrit dans l’histoire de l’art comme un des successeurs d’Hokusai. Né en 1831, il commence la peinture à l’âge de 7 ans. Peu de temps après, il intègre un atelier de l’école officielle de Kano où il développe davantage sa touche, mêlant le style Kano avec l’ukiyo-e.

Il démontre sa virtuosité à travers de nombreux médiums : rouleaux, estampes, livres illustrés, manuels de dessin et caricatures. Celles-ci font de lui le premier caricaturiste japonais, participant alors à sa renommée.  La diffusion de ses caricatures est risquée en raison de la censure du shogunat. Il est ainsi arrêté à de multiples reprises par les autorités. Son penchant pour le saké lui vaut également quelques ennuis. Sa personnalité excentrique est alors à l’image de ses œuvres où se baladent dragons, dieux, démons ou encore fantômes.

Il meurt le 26 avril 1889 et est enterré sous une pierre en forme de grenouille, son animal favori.

Kyosai est particulièrement prolifique, réalisant au moins 30 000 peintures au cours de sa vie. Certaines sont conservées au musée Guimet à Paris, au British Museum à Londres ou encore au musée mémorial KAWANABE Kyosai, dédié à lui. Sa carrière fait l’objet de nombreuses expositions depuis les années 1980.
----- thématique: ce rouleau, nommé Démon et Beauté, représenterait Raijin, le dieu du tonnerre et des tempêtes et une  jolie femme noble.

Le dieu Raijin tente d’attirer la jeune femme avec son hameçon, comme s’il s’adonnait à la pêche. Le contraste entre cette figure divine effrayante et l’absurdité de la scène crée un humour décalé. Néanmoins, la scène porte aussi une dimension morale. Effectivement, le dieu à l’allure d’un démon essaye de corrompre la beauté de la femme qui résiste et reste impassible face au piège. Cela est indiqué dans son expression ainsi que ses vêtements, notamment le motif de méandres géométriques sur le tissu (appelé Ryusui) qui éloignerait le mauvais sort et symboliserait l’eau qui reste pure.