A rapprocher des compositions en polyptyque de Poussin (particulièrement Le Printemps ; et de Paysage avec Diogène). Tandis que sa lumière dorée, arasante, biblique dans le lointain, évoque un autre maître classique, Claude Gelée dit Le Lorrain.
De la même manière, l’esthétique de ce tableau mêle Poussin à Le Lorrain sous l’égide plus contemporaine de Valenciennes et de Joseph-Marie Vien.
On notera la belle composition ouverte de cette œuvre qui joue de tous les contrastes où le dessin maitrisé des arbres sur fond rocheux occupe une grande place mais également le rendu atmosphérique si magistralement orchestré, ces nuages cernés de bleu allant dugris orage aux tonalités rougeoyantes. A l’arrière plan, l’artiste réussit à faire jaillir une lumière mystique qui réchauffe un premier plan ténébreux traité en clair obscur.
Si le sujet en est d’abord le genre du Paysage à travers le prisme de la mythologie, cette imposante et vaste Nature sauvage est animée par deux personnages, un faune couché près d’une source vers lequel se tourne une nymphe drapé de rouge cheminant vers unautel ; le faune, plus probablement la figuration du Dieu pan, semble lui adresser une proie – peut-être un oiseau – en offrande à Jupiter ?
Composite, comme c’est souvent le cas de la peinture néoclassique, si le premier plan semble s’ancrer dans un référentiel se rattachant à la Grèce ou Rome antique, l’arrière plan désertique ressemble davantage aux paysages entre monts et déserts solaires de la TerreSainte. Quelques monuments fortifiés ou de forme pyramidale sont discernables au loin.
Un arrière-plan qui permet de ré-examiner le paysage au premier plan composé d’une source et d’une falaise, qui, jointe à la figuration du personnage de Pan, évoque l’antique ville de Baniyas (l’ancienne cité romaine de Césarée de Philippe, également dénomméeBanias ou Panéas et Panion) situé aux sources du Jourdain abritant le sanctuaire et grotte dédié au dieu Pan, en territoire israélien à la frontière syrienne.
Si la forme est donc pleinement néoclassique, le fond est à la fois allégorique et situable en Terre promise (Baniyas, Israël).
Un paysage ouvert de grand format qui se fond avec inspiration dans le creuset des mythologies antiques de l’Occident et de l’Orient.
Une œuvre élégante de belle facture qui n’a peut-être pas encore livré tous ses mystères.
Huile sur toile, cadre d’époque en bois et stuc doré
86 cm x 72 cm encadré 69,6 x 55,6 cm à vue
Craquèlements et quelques usures de la dorure mais bel état d’ensemble