Peintre Postimpressionniste de l’Ecole de Rouen. Né à Rouen le 12 avril 1898, Pierre Le Trividic suit les cours de l’école des Beaux-Arts dans la section d’architecture.Élève brillant, il cumule rapidement les premiers prix, dans toutes les disciplines. C’est donc comme architecte qu’il s’installe mais parallèlement, il s’adonne à sa passion pour le dessin et la peinture. Il expose régulièrement. Le Musée des Beaux-Arts et L’Etat acquièrent ses œuvres. Chroniqueur est le terme qui définit le mieux Pierre Le Trividic. Son œuvre n’est en effet rien d’autre qu’une histoire de Rouen, une histoire au quotidien, établie au jour le jour. Inlassable observateur de cette ville à la noblesse ancienne et résonnante déjà de modernité, Le Trividic a su traduire d’une main expressive l’atmosphère de ses ruelles voûtées aux édifices gothiques, l’activité incessante de son port et de ses marins animant les estaminets. Autant de motifs qu’il saisit, d’un œil à la fois tendre et amusé, authentique et humain et recompose, avec humilité et passion, pour en dresser la vie, tel un architecte dressant les plans d’une construction, en fonction des réalités du lieu. Arpenter et croquer les rues, en quête de quelque vérité architecturale, communique à Le Trividic la passion de la ligne et de la couleur, du dessin puis de la peinture. Crayon, pastel, huile, aquarelle, encre, gravure, sanguine deviennent tout à la fois ses plus sûrs moyens d’expression de cette passion inaltérable qu’il éprouve pour sa ville natale. C’est indéniablement dans les formes d’expression les moins figées qu’il excelle. Son talent et sa fantaisie se révèlent dans le mouvement, et c’est ce qui lui vaut le surnom de « Toulouse-Lautrec de la Normandie ».
L’artiste est complet, l’œuvre d’une extraodinaire abondance qui n’a d’égal que sa liberté d’exécution. Aux sites pittoresques de Rouen dont il s’empare avec fougue sur le papier, aux atmosphères mouvantes dont il s’attendrit sur la toile avec lyrisme, s’ajoutent par milliers pochades et croquis, évocations sensibles de ce que perçoit au hasard son regard. Sa parfaite connaissance du dessin, son sens de la composition et de la mise en page, sa libre interprétation, spirituelle et sincère, retiennent, à chacune de ses expositions, l’attention du public. À ses premières toiles solidement construites, grassement peintes et hautes en couleur, succèdent rapidement une technique plus ferme. Ses qualités se concentrent. Le Trividic simplifie, résume, synthétise et chacune de ses œuvres, enlevée avec brio, gagne en puissance expressive. Dessinateur pour La dépêche de Rouen et La Normandie illustrée, Le Trividic commence également, dans les années 30, une carrière d’illustrateur qu’il poursuivra jusqu’à la fin de sa vie (Les Meilleurs Contes d’A. Allais, Contes sauvages, Contes fervents, Le Sorcier vert de J. de La Varende, Châteaux de Bretagne de F. Le Roy).
Très sollicité dans sa ville, l’artiste ne quitte pour ainsi dire pas Rouen, après la guerre, il n’aura de cesse de continuer à mettre en image sa ville, en partie dévastée mais qu’il faillit voir totalement disparaître. Et parce que ses dons sont décidément multiples, il exécute les vitraux de la chapelle de l’hôpital de Dieppe, la décoration peinte du cargo Le Rouennais, les murs de la piscine Gambetta et se voit confier la configuration d’un jardin à la française pour le parc de la ville d’Oissel. Aujourd’hui, aucune étude sur le Rouen de l’entre-deux-guerres et des années 50 ne saurait ne pas tenir compte de ce témoignage précieux, précis et vivant que constitue l’œuvre de Pierre Le Trividic le chroniqueur.