Dimensions: h. 36 cm, l. 51 cm, p. 31 cm.
Augsbourg, début du XVIIe siècle
Très bel état, serrure changée postérieurement. Les trois déesses ainsi réunies nous évoquent une scène mythologique le Jugement de Paris. Débout et dénudées, Junon et Vénus la main sur la poitrine, se désignent elles-même comme étant la plus belle femme du monde. Minerve vêtue d'une tunique, tient son bouclier dans une attitude de sagesse et calme. Le maniérisme de la scène est mis en évidence par la gestuelle et la position des trois femmes. En l'absence de Pâris, c'est au spectateur de faire le jugement et choisir la plus belle entre elles. Doté de cette représentation théâtrale propre à la Renaissance, notre cabinet évolue de son statut de dépositaire d'objets précieux vers un rôle narratif et illustratif, chargé de transmettre un message ou un thème favori de son commanditaire. En véritable écrin notre cabinet était destiné à accueillir une collection d'objets précieux (bijoux, médailles, pierreries, coquillages, statuettes en bronze). Compte tenu des matériaux onéreux employés (bronze doré, ivoire, palissandre) et du savoir-faire de l'ébéniste, le cabinet conçu comme un écrin pour les œuvres d'art devient une oeuvre d'art à part entière. Le jugement de Pâris Lors des noces de Thétis et Pélée sur le mont Pélion où tous les dieux étaient réunis, Éris, la Discorde, qui avait été oubliée, lança sur la table du banquet une pomme d'or destinée à la plus belle. Trois déesses se crurent désignées, Junon, Minerve et Vénus. Jupiter chargea alors Mercure de les conduire sur le mont Ida où Pâris, fils abandonné de Priam, roi de Troie, et d'Hécube, gardait les troupeaux, et de prendre le berger, un simple mortel, pour arbitre. Junon lui promit la puissance, Minerve la sagesse, et Vénus la plus belle des femmes, Hélène, l'épouse de Ménélas. Pâris choisit le plaisir, Hélène, et offrit alors la pomme à Vénus. L'enlèvement d'Hélène par Pâris fut plus tard la cause de la guerre de Troie. Les deux autres déesses se vengeront en s'acharnant sur les Troyens.
Cabinets à la Renaissance et au XVIIe siècle Le cabinet s’inscrit dans une histoire complexe car le mot « cabinet » recouvre différentes réalités. Le cabinet trouve ses origines dans le studiolo qui apparaît en Italie à la fin du XVe siècle : c’est une pièce, un lieu de retrait et de travail pour les princes et les savants. Parallèlement à la création de ces pièces, apparaît un type de meuble appelé cabinet, qui est à l’origine un meuble de voyage, muni de nombreux tiroirs, sécurisé par des portes et destiné à abriter et transporter les menus objets, les bijoux et les papiers importants de son propriétaire. Les cabinets fermaient d’ailleurs à clef, et des tiroirs secrets étaient probablement destinés à abriter ce qu’il y avait de plus précieux. Dans les années 1560 l'essor des fouilles archéologiques, les progrès de la science, l’intérêt des cours princières allemands pour les objets témoins de l'évolution du savoir, leur font rechercher des meubles esthétiques et fonctionnels. Ainsi le cabinet devient un meuble indispensable avec le développement de cabinets de curiosités, les kunstkammers, sorte de musée privé dans lequel son propriétaire collectionne différents objets : les artificialia (objets créés par l’homme, antiques ou non), les naturalia (spécimens du monde végétal et animal), les exotica (plantes, animaux et objets exotiques) et les scientifica (instruments scientifiques). Le cabinet sera le support de créations remarquables d'artisans spécialisés, souvent originaires d'Augsbourg qui en se perfectionnant et employant les matériaux exotiques conçoivent des cabinets qui sont de véritables joyaux d’ébénisterie.