Maxime REAL DEL SARTE (1888-1954)
Sculpture en bronze à patine verte
Signée à la Base
34,3 cm de hauteur
Vers 1930
Jeanne d’Arc est représentée les yeux fermés, en prière, les pieds sur le bûcher, les flammes léchant ses vêtements. L’ensemble est épuré, les plis du vêtement et le feu du bûcher simplement stylisés. L’accent est mis sur le visage en prière de Jeanne d’Arc.
Cinq répliques de la statue sont connues dont l’originale de 1928 est àRouen, place du Vieux-Marché. A la base de celle de Montréal, l’artiste a fait graver avec sa signature « J’ai fait cette œuvre avec amour pour nos amis canadiens, à la gloire de la sainte patronne de la paix du monde »
Né le 2 mai 1888, Maxime Real del Sarte était issu d’une famille d’artistes: neveu du compositeur Georges Bizet, il fut le disciple préféré de l’éminent sculpteur Paul Landowski.
Pendant la guerre de 14, il perdit un frère à Verdun, et y laissa lui-même un bras. L’amputation – particulièrement tragique pour un sculpteur – de son avant-bras gauche à la suite d’une blessure aux Éparges, sur le front de Verdun le 29 janvier 1916, ne l’empêcha pourtant pas de retourner à ses sculptures et l’œuvre qu’il avait conçue en mars 1914, “Le Premier Toit”, reçut le Grand Prix national des Beaux-Arts en 1921. Dans la biographie qu’elle lui a consacré chez Plon, Anne André Glandy a décrit cette sculpture : « Un homme et une femme agenouillés l’un en face de l’autre : dans un geste de protection, l’homme relève la femme et la maintient tandis qu’avec tendresse elle cherche à s’appuyer sur lui. C’est le principe de la clef de voûte, la base de toute architecture ».
Dès lors, la notoriété de l’artiste installé dans son moulin de Billitorte à Chantaco alla grandissant, tant parmi ses amis que dans le monde officiel dont il reçut de nombreuses commandes. « De la main qui lui restait, note René Brécy, il a modelé cent ouvrages très variés, davantage peut-être conçus dans une méditation à la fois enflammée et subtile. Ne pouvant manier le ciseau, il a dirigé avec une étonnante maîtrise celui des praticiens, choisis entre tous, auxquels il lui fallait confier l’exécution de ses maquettes ».
La popularité de l’artiste va grandissant et celui-ci reçoit de nombreuses commandes, dont certaines de l’état, notamment plusieurs monuments commémoratifs. L’artiste privilégie dans ses œuvres les lignes épurées, les compositions en hauteur pour symboliser l’élévation de l’âme. Sa carrière s’étend jusqu’aux années 1950. Il se révèle probablement le sculpteur de sa génération ayant dressé le plus de monuments à travers la France. Bien que de facture traditionnelle, sa production artistique s’inscrit dans le mouvement en France du renouveau de l’art sacré après la Première Guerre mondiale.
Ce royaliste de cœur et de raison souffrit de véritables persécutions politiques orchestrées par la IIIe République. Pendant la Seconde Guerre mondiale, à Saint-Jean-de-Luz, il parvint à empêcher des excès de l’occupant et favorisa le passage de fugitifs vers la zone libre ou l’Espagne. Apprenant que des otages devaient être fusillés à Bordeaux, il prit le train pour Vichy, intervint auprès du maréchal Pétain et parvint ainsi à empêcher ce drame. En mauvaise santé, il se retira définitivement dans sa maison à Saint-Jean-de-Luz où il s’éteignit le 15 février 1954.