Nu, 1924
Pastel sur papier
28 x 46,5 cm à vue (61 x 78 cm avec le cadre)
Signé et daté en bas à droite
Rare oeuvre que l'on peut dater des premières années parisiennes de Mané-Katz.
BIOGRAPHIE
Son enfance fut totalement imprégnée par la culture juive. Son père, qui s'occupait (chamach, en yiddish - chames) de lasynagoguede Krementchoug, l'éduqua selon les préceptes de lareligion juiveorthodoxe, souhaitant qu'il deviennerabbin. Le jeune Emmanuel apprit à dessiner en cachette. Il quitta une première fois sonshtelelnatal pour étudier à l'école desbeaux-artsdeVilnius, mais ignorant tout du mondelaïque, il retourna rapidement à la maison familiale. Encouragé par un artiste originaire d'Odessa, il entra d'abord à l'école des Arts décoratifs deMyrhorod, à seize ans, puis s'inscrivit en1911à l'école des beaux-arts deKievet s'initia à la culture européenne.
Il arriva à Paris à dix-neuf ans en1913et suivit les cours dans l'atelier deFernand Cormon. Désireux de s'engager dans lalégion étrangèrelors de la déclaration de laguerre, il fut refusé en raison de sa petite taille. Il voyagea alors à travers l'Europe, visitant les musées où il fit l'apprentissage des maîtres anciens et plus particulièrement deRembrandt. Il découvrit la peinture de ses contemporains, desFauves, dont celle d'André Derainqui eut une influence déterminante. De retour à Paris en1921, l'artiste, qui s'était forgé un style, devait trouver dans la thématique traditionnelle judéo-slave la source de son inspiration. Il fait sa première exposition particulière en1922à la galeriePercier. Il s'affirma peu à peu comme l'un des peintres de l'âme juive aux côtés de ses aînés de l'École de Paris,Amedeo ModiglianietChaïm Soutineet expose dans de nombreux Salons et galeries parisiennes, ainsi qu'aux expositions duGroupe de l'Amitiéavec notammentJeanne Besnard-Fortin,Serge CharchouneetKostia Terechkovitch. Son atelier de la rue Notre-Dame des Champs, hérité d'Othon Friesz, sera transmis plus tard à son principal élève, le caricaturisteHenri Morez. Il estnaturaliséfrançais en1928.
L'art de Mané-Katz cherche à maintenir la culture vivante de laTorah. Son parcours au sein de l'École de Pariset dans le groupe de Montparnasse fut plus orthodoxe que celui deChagallpar exemple. Mané-Katz s'affirma comme le grand peintre de la diaspora. Témoin de la dispersion du peuple d'Israël, du folklore judéo-slave, de la littératureyiddish, Mané-Katz dans son exil, atteste de sa fidélité à sa tradition originelle.
Il est le peintre des rabbins, des ghettos, et des Justes, celui de la dispersion, véritable témoin et poète de son peuple. Il apporte avec lui en Occident ce monde destalmudistes, des musiciens ambulants suivant les cortèges, de mariés, de prophètes, d'artisans. Même s'il ne veut pas être seulement un peintre juif et qu'il a consacré des œuvres aux fleurs, aux paysages de Paris, de Vendée et de Bretagne, il demeure un interprète des communautés juives d'Europe centrale et orientale. Malgré de nombreux séjours en Israël, il n'arrive pas à s'intégrer à ce nouveau monde et ne peindra jamais la réalité nouvelle d'Israël combative et fière. Dans ses toiles peintes en Israël on retrouve toujours son imagerie des paysages d'Ukraine et des vieux rabbins enfouis dans sa mémoire.
La ville deHaïfaen Israël lui a consacré un musée sur laRue Yefe Nof.