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Le tableau, exécuté à l’huile sur toile, représente une scène de marché dans un centre habité où campe en position dominante une tour circulaire de l’époque médiévale. L’œuvre peut être attribuée au peintre italien piémontais Carlo Piacenza (Italie -Turin, 3 décembre 1814 - Castiglione Torinese, 1887). Du Piacenza on connaît une autre œuvre comparable, réalisée à l’huile sur table, signée et datée en bas à gauche, et représentant un Marché à la Tour. Le contexte architectural représenté dans cette dernière est le même que la toile, bien qu’il y ait quelques petites variantes. Il en va de même pour la scène de vie quotidienne décrite. La peinture sur table, aujourd’hui en collection privée, est publiée par Piergiorgio Dragone dans « Les peintres du XIXe siècle dans le Piémont. Art et culture figurative. 1830-1865 », édité par la Banque CRT de Turin. Comme il ressort de la comparaison entre les deux œuvres, la tour représentée est la même, ainsi que la maison adjacente sur la gauche. Certaines différences se manifestent en observant les marches d’accès à l’environnement dans la tour, peut-être une boutique, ainsi que la description des clôtures en bois pour protéger les balcons de la maison voisine. Dans la version sur toile Piacenza insère, dans la maçonnerie de la tour, une horloge entourée de briquettes en terre cuite et décrit en meilleur état de conservation les bâtiments qui se succèdent à droite. La coupe horizontale de la toile permet également au peintre une description précise de son environnement. Sur la droite, on voit disparaître à l’horizon une rue de la petite ville, tandis qu’au premier plan, sur le déluge où se trouve le marché, se dresse une muraille qui circonscrit un luxuriant jardin privé. Dans les deux ouvrages, les draps étendus, quelques pots en terre cuite avec des plantes ornementales, la branche d’une plante verdoyante qui grimpe sur la tour, ainsi que les habitants en train de leur activité marchande, redonnent le vécu du pays et animent la composition.
Grâce à la comparaison avec certains documents retrouvés, il est possible d’identifier le lieu exact représenté dans les peintures: il s’agit de l’une des tours médiévales de la commune de Giaveno (Italie).
Il existe une aquaforte signée par Francesco Mennyey (Turin 1889 - 1950), peintre et graveur connu au niveau international dans la première moitié du XXe siècle, qui représente le même aperçu décrit par Piacenza. Mennyey signe et intitule la gravure « Giaveno ».
La comparaison avec la gravure, réalisée vers les années 20 du XXe siècle, permet non seulement d’établir l’emplacement du tableau en objet, mais aussi de démontrer que l’horloge que Piacenza décrit dans la toile est un ajout à l’invention que l’artiste estimait peut-être nécessaire pour enrichir la simple architecture médiévale, équilibrant l’ensemble avec un rappel chromatique dans les tons rouges. La tour représentée est encore présente aujourd’hui. Giaveno, commune non loin de Turin et située à l’embouchure de la Val Sangone, a des origines très anciennes. La première installation remonte à l’époque romaine, mais elle acquiert de l’importance dans les siècles centraux du Moyen Âge, quand elle est soumise à la seigneurie des puissants abbés de la Sainte de Saint Michel. En 1209, grâce à une donation du comte de Savoie Tommaso I, les abbés de Saint-Michel fortifient la place avec une muraille et construisent un château. En 1347, l’abbé Rodolfo di Mombello fait monter les murs, en les entrecoupant de cinq tours circulaires. Le périmètre de la Citadelle abbatiale est encore bien lisible dans la rue actuelle Rome. Trois tours ont survécu à l’enceinte, bien qu’elles aient changé au cours des siècles. A plan circulaire, en mortier et cailloux de rivière, ils présentent au sommet une bande décorative en briques qui forme un dessin géométrique à archets. Quelques photos historiques signalent l’ouverture et la fermeture de certaines fenêtres et l’évolution du site.
Carlo Piacenza naît à Turin en 1814 et se forme à l’Académie Albertina élève de Cesare Biscarra et Pietro Fea. Après une période d’apprentissage à l’aqualliste bernois Juillerat, il commence à peindre des sujets inspirés par la campagne piémontaise et valdôtaine, avec l’intention de représenter le "vrai" de la nature. Débute à la Promotrice de Turin en 1843 en présentant des vues marquées par un naturel paisible et un intonation romantique et idyllique, parfois mélancolique. Les talents de peintre naturaliste s’intensifient avec la recherche luminique que l’environnement peut offrir. Plaisir arrive ainsi à des hauts résultats à travers sa propre et personnelle modulation de la lumière, en obtenant des consensi de critique aux expositions turinoises auxquelles il participe régulièrement, en particulier celles tenues à la Promotrice et au Cercle des Artistes. Il se consacre à l’enseignement privé et a comme élèves les enfants du duc Ferdinand de Gênes, Tommaso et Marguerite de Savoie. Depuis 1856, il est également titulaire de la chaire de Dessin à l’Académie militaire de Turin qui règne jusqu’à sa mort, en 1887. La peinture de Carlo Piacenza continue, à côté de celle de son ami et collègue Angelo Beccaria, une veine de paysage serein qui avait caractérisé la première moitié du XIXe siècle. Piacenza, cependant, se pose innovant dans le panorama artistique piémontais pour une attention marquée tournée à des moments concrets de chroniques quotidiennes, conférant ainsi des connotations de vérité à ses oeuvres.
La toile objet de cette étude apparaît significative dans le cadre du parcours artistique de Piacenza. La description veristique du paysage est animée par la scène du marché et où la recherche chromatique trouve un large développement dans le rendement des zones d’ombre et de la chaleur de la lumière estivale. L’œuvre apparaît également comme un document d’intérêt historique pour les événements architecturaux qui ont touché la commune de Giaveno, témoignage d’un lieu aujourd’hui fortement transformé par les adaptations urbaines.