Raymond Guerrier se dit marqué par l'expositionGeorges Braque, les ateliers, qu'il visite à laGalerie Maeghten 19473. Au tout début des années 1950, tout en peignant, il exerce par nécessité le métier dephotograveur4. Recevant lePrix de la Jeune Peinturepour sa toilePaysage au masqueen 1953, il en est en 1954 membre du jury aux côtés dePaul Rebeyrolle,Bernard BuffetetAndré Minaux, trois peintres avec qui il a alors en commun de se positionner, par des œuvres sombres, par une l'âpreté relevant du pessimisme de l'après-guerre, dans la suite deFrancis Gruber5,6.
C'est en 1955 qu'il découvre laProvence7et que,«de caractère solitaire et taciturne, il préfère s'éloigner de Paris et vivre à Eygalières»8où il se lie d'amitié avec le poète provençalCharles Galtier. En 1961, il épouse Francesca, fille du peintre Francis Montanier (1895-1974)9, elle-même artiste peintre, mais aussi céramiste. En 1962 naissance de leur fille Juliette, en 1964 leur fils Francis et en 1966 leur fille Jeanne.
Le paysage qui l'entoure à Eygalières, de même que ses voyages qui lui offrent à voir l'Espagne, laSardaigne, l'Italie, laGrèce, leMaroc, laJordanie,Israël, amènent Raymond Guerrier, à compter de 1970, à éclaircir sa palette (demeurant néanmoins dans les«tons nus austères où dominent les ocres»observe Gérald Schurr), puis à glisser progressivement vers l'abstraction, aboutissement d'«une figuration réduite à son essence, d'une peinture de grandes formes où ne sont retenus que les rythmes essentiels7».
Pierre Basset, dans son approche d'une œuvre qui couvre près de sept décennies, confirme ce que fut la quête exigeante de Raymond Guerrier:«recherche de l'essentiel, refus de l'anecdote, importance du réel et de sa profondeur, rôle-clé de la matière»