Lucien Schnegg débute sa formation chez unornemanistechez qui il pratique la taille directe. A 19 ans en 1883, il obtient le premier prix de sculpture de l’école municipale de dessins de la ville deBordeauxet intègre, l’année suivante, l’atelier d’Alexandre Falguièreà l’École des beaux-arts de Paris. Peu assidu aux cours, il préfère étudier en dessinant dans les musées.
Il présente une première œuvre, un portrait de son frère Gaston, auSalon des artistes françaisde 1887. En 1898, les deux frères écrivent une lettre àAuguste Rodinpour le soutenir contre les opposants à sonMonument à Balzac[4]. À partir de 1902, Lucien Schnegg travaille comme praticien pour Rodin. En parallèle, il rassemble autour de lui de jeunes sculpteurs en quête d’une nouvelle esthétique, se détachant de l’expressionnisme de Rodin. Ces sculpteurs, parmi lesquelsCharles Despiau,Alfred Jean Halou,Jane Poupelet,Robert Wlérick, sont appelés la «Bande à Schnegg[5]».
En 1903, Lucien Schnegg connaît un succès en présentant le buste de Jane Poupelet au Salon de laSociété nationale des beaux-arts(marbre, Paris,musée d’Orsay[6]). La même année il est à l’instigation d’un banquet donné en l’honneur de Rodin qui vient de recevoir laLégion d’honneur.
Il meurt des suites d’unefièvre typhoïdeen 1909. Une exposition lui est consacrée au Salon de la Société nationale des beaux-arts l'année suivante.
Pour aider la famille endeuillée, Rodin organise, avec l’aide de Gaston Schnegg, une tombola. Il déclare à cette occasion:«Il a eu le courage d’être un véritable sculpteur: il a tant tiré de lui-même à la façon des réformateurs. Il a laissé des œuvres de chemin, de plus belles encore, puis un chef d’œuvre plein: Le buste de la République. Aussi il a sculpté sur des maisons, palais, d’un goût retourné aux belles époques qu’il comprenait avec passion. Dans la décoration il était intuitif et un conseiller savant. Le sculpteur enthousiaste ne désirait pas d’orgueil inutile, mais il avait la fierté de celui qui se sent vrai et pauvre. La mort l’a mis en sa place avec les héros du travail[7]».