Puissance de cette composition qui s’inspire si fortement de la grammaire de Corot, sa simplification des plans, sans affèteries romantiques, Nature pure, son aspect esquissé et pourtant envoûtant, complexe, qui conserve du réalisme tout en l’épurant, annonçant Cézanne, procédant par touches et « masses « colorées d’où jaillit la lumière.
Nous identifions par rapprochement iconographique (et topographique) l’île de Batz, probablement du côté du jardin exotique, le ponton n’existait pas alors mais l’on peut reconnaitre le découpage du récif, l’île et en face la côte de Roscoff.
Cette rencontre divine entre la mer à marée basse et la terre, la rugosité du granit qui contraste avec la luxuriance de cette île verdoyante bénéficiant, comme Roscoff, d’un micro-climat propice à la végétation et surgissement des espèces les plus exotiques.
Et bienheureuses les maisons à la gauche de la composition, à flanc de rocher, qui semblent se jeter dans la mer.
Une unique bretonne à la coiffe impeccable vient animer ce paysage inaltéré.
Le ciel enfin, empanaché de nuages dorés, qui trahit l’âme bretonne avec ces ciels changeants, délice des peintres paysagistes académiques puis annonçant l’impressionnisme qui la découvrirent - dès le XVIIIes - avant de l’explorer et de lui rendre de multiples hommages au XIXes, puis d’y fonder à l’orée du XXes l’Ecole de Pont-Aven.
Infime jointure de deux panneaux visible en surface mais sans incidence sur la qualité de l’oeuvre
Dimensions : à vue : 37 x 29 cm – encadré : 46 x 38 cm