Bartsch : 13
L'identification de ce monogrammiste se trouve être problématique. Christ le premier, dans son Dictionnaire des Monogrammes, (1750, réédité 1972, p. 231), rattache au nom de Martin Treu le monogramme formé des lettres M T. Il déclare ainsi Martin Treu graveur, en fondant apparemment son explication sur un rapprochement arbitraire entre les deux lettres et le nom susmentionné. Les gravures portant ce monogramme, sont pour la plupart datées, ce qui permet de situer l'activité de l'artiste entre 1540 et 1543. A la suite de Christ, l'identité du monogrammiste, bien qu'arbitrairement établie, et soulignée comme telle dans les notices biographiques d'artistes, sera pourtant maintenue. Nous n'avons aucune documentation sur son lieu de naissance ou de résidence. G. K. Nagler (Neues allgemeines Künstler-Lexikon, 21e vol, 1835-1852, pp. 290-293) intègre le graveur aux ' petits maîtres ' et propose Nuremberg comme ville d'ancrage. En l'absence de références réelles à un lieu d'activité, A. Andresen, prenant la suite de Nagler, évoque en revanche, une appartenance probable à l'école saxonne (Die Monogrammisten und diejenigen bekannten und unbekannten Künstler aller Schulen,IVe vol., 1871, pp. 687-689). Selon lui, les gravures de Treu rappelleraient le style de Hans Brosamer (vers 1500-vers 1552) et même parfois, tenteraient d'imiter celui d'Aldegrever. Bartsch, (IX, p. 68, et suiv. ), fait état de quarante-deux oeuvres rattachées à ce graveur. Il souligne la rareté des bons tirages et dénonce le prix élevé de certains. Dans son ouvrage, G. K. Nagler rajoute deux oeuvres à la liste décrite par Bartsch, et que Brulliot avait déclarée incomplète dans son Dictionnaire des monogrammes (1817, I, n° 2958). Passavant (1863, IV, p. 52 et suiv.) retrouve neuf gravures supplémentaires, auxquelles A. Andresen va adjoindre quelques épreuves qui avaient échappé à Passavant. Les lacunes étaient relativement aisées à combler, du fait que le présumé Martin Treu numérotait les séries ; en partie du moins. Parmi les plus importantes, il faut mentionner la suite de La danse des paysans (1542), La danse des nobles (1542 et 1543, selon le tirage), ou encore La parabole du Fils prodigue (1541 et 1543), dont relève la gravure traitée ici. Quelques sujets isolés, tel Le jugement de Salomon (1540), Les Vierges sages (1540) en pendant aux Vierges folles, Le paysan surprenant sa femme dans les bras d'un moine (1540) ou encore un Projet de poignard avec son fourreau (1540). L'ensemble s'intègre bien aux thèmes de prédilection des graveurs contemporains.
in Cat expo STRASBOURG, Les dieux comme les hommes, 2003 (Palais Rohan) (p. 201)