"Commode Louis XIV estampillée J*L*F DELORME"
Commode Louis XIV-Régence Travail Parisien d'époque XVIIIe estampillé J*L*F DELORME (Jean Louis Faizelot Delorme) à structure en placage de bois exotiques, d'incrustations de laiton, d'étain, d'ivoire et d'une ornementation de bronze ciselé doré vernis. La façade légèrement galbée ouvre par quatre tiroirs disposés sur trois rangs, l'ensemble rythmé par un raffiné décor d'encadrements à lambrequins enrichis d'une marquèterie à la manière d’André Charles Boulle figurant des écoinçons incrustés d'un motif de campanule connectée a un feuillage caractéristique de la couronne Ducale, sorte de trèfle dont chaque pétale est légèrement trilobé dit en "Ache", le tout s’inscrivant sur un fond de placage en chevrons agrémenté d'une riche garniture en bronze doré composée de poignées basculantes à rosaces tournantes et d'entrées de serrure de forme rocaille dont les trois centrales sont surmontées d'une tête couronnée. Les traverses de tiroirs sont soulignées par une cannelure en laiton doré à l'instar des montants arrondis qui en affichent respectivement trois disposées à la verticale au dessus d'un encradrement à lambrequins contenant un délicat décor en marquèterie Boulle figurant des branchages a enroulements d'acanthe ornés de fleurs épanouies et en boutons réalisées en ivoire ciselé incrusté. Les cotés sont animés d'un grand motif losangé en bois indigène encadré par une moulure à raies-de-cœur en bronze doré et centré par une importante rosace tournante en marquèterie Boulle dorée-argentée ponctuée de noir d’ébène. Dans le même registre la partie basse est ornée d’un tablier chantourné présentant un motif en marquèterie Boulle figurant une rosace donnant naissance a un bouquet de fleurs en ivoire flanquées de grandes feuilles d'acanthe. Le piétement avant est agrémenté de majestueux sabots en bronze doré à double enroulement centré d'une grande coquille entourée de feuilles d'acanthe. Le plateau est coiffé d'un épais marbre brèche jaspé polychrome de 4 cm d'épaisseur. Meuble entièrement d’origine proposé dans un très bel état de conservation complété par une parfaite restauration à finition vernis-tampon, manque juste la clef.
Dimensions: 1 m 25 de long X 83 cm de haut X 64 cm de profondeur.
La famille Faizelot Delorme compta au XVIIIe siècle plusieurs menuisiers-ébénistes : François, le père, dont l'atelier fut repris par les deux fils cadets, Jean-Louis et Alexis ; et Adrien, l'aîné, qui eut son propre atelier. Cette étude inédite présente les grands traits de leur vie et de leur production, qui s'illustra surtout dans de somptueux meubles en marqueterie et la pastiche ou la restauration d'œuvres d'André Charles Boulle. Notre estampille J. L. F. Delorme correspond à celle de Jean-Louis, frère d' Adrien Faizelot Delorme qui utilisait quant à lui l'estampille Delorme. Jean Louis Delorme fut avec Philippe Claude Montigny et Etienne Levasseur, l’un des artisans du regain de mode du mobilier Boulle dans les années du milieu du XVIIIe, se spécialisant dans la restauration de meubles provenant des ventes après décès des clients de Boulle pour le compte du marchand-mercier Claude-François Julliot.
On trouve cette estampille de J.L.FDelorme sur un certain nombre de meubles de Boulle datant du premier quart du XVIIIème siècle, qui furent eux aussi restaurés, notamment sur quatre armoires à chutes de médailles de Boulle avec Aspasie (sur l’une des armoires de la reine d’Angleterre à Windsor, acquise par le Régent avant 1817 ; sur l’une de celles conservée au château de Versailles, saisie à la Révolution chez les Noailles ou chez Lenoir du breuil et sur deux armoires de l’ancienne collection d’Ogden Mills). On la trouve encore sur une paire de bibliothèques basses à trois portes de Boulle de la collection Wallace (F 386-7), sur une autre paire à deux portes (coll. privée) et sur une paire de guéridons de la collection Grog au musée du Louvre. Cette série a été étudiée par Alexandre Pradère (" Les armoires à médailles de l'histoire de Louis XIV par Boulle et ses suiveurs ", Revue de l'Art, n°116, 1997, pp.42-53.
Il est intéressant de souligner que l'on trouve en effet l'estampille de Delorme sur quatre de ces meubles, l'un de ceux de Windsor, un à Versailles, deux dans une coll. privée.