Sur l’avant gauche de la terrasse, signé et daté : GIR 08 (1908)
Cachet du fondeur: Jaboeuf et Rouard
Il s’agit donc d’une fonte au sable.
Matériau
Bronze à patine brune. Le bronze est complet.
Charles Gir, de son vrai nom Charles Félix Girard a été, à la Belle Époque (dans l’Entre-Deux-Guerres), une personnalité incontournable de la vie artistique parisienne.
Violoniste à ses heures, passionné d’opéras, Charles Gir peint et sculpte, mais pour arrondir ses fins de moi, il crée des affiches publicitaires pour le théâtre, illustre des ouvrages littéraires et compose des dessins de presse et des caricatures pour différentes revues satiriques telle l’Assiette au Beurre.
Charles Gir était né le 1ernovembre 1883 à Tours. Vendeur dans une librairie tourangelle, le jeune Charles attend plus de la vie. Il s’échappe à vélo à Paris. Il se forme à l’école Boulle et à l’école supérieure de dessin et de modelage pour Garçons Germain Pilon, mais c’est grâce à ses caricatures et ses dessins de presse que sa carrière décolle rapidement. Parallèlement à cette carrière journalistique, et cédant à son amour pour l’opéra, il arpente les couloirs du Palais Garnier, assistant aux cours, aux répétitions des ballets et aux ballets eux-mêmes. La Première Guerre Mondiale mettra sa vie sur de nouveaux chemins. Mais en attendant, ses nombreux pastels de ballerines, et notamment de la Pavlova ou de la Karsavina, lui valent une grande renommée.
Les évènements de l’été 1914 mène Charles Gir, comme des milliers de ses concitoyens, dans les tranchées boueuses du nord-est de la France. Gazé, il est évacué et son rétablissement est laborieux. Il est ensuite affecté à la section «camouflage» où il retrouve beaucoup de musiciens, écrivains, peintres ou sculpteurs. Il ne délaisse pas son crayon et croque d’un trait gourmand l’univers des Poilus.
Pour des raisons très variées, l'Opéra, ses mystères et ses beautés a toujours fait rêver.
Du Consulat jusqu’à la Première Guerre Mondiale,il est le lieu incontournable de la vie culturelle et mondaine de la bonne société parisienne.
Jusqu’en 1875, trois salles accueillent les spectacles.Puis un nouvel Opéra, voulu par Napoléon III, et construit par l’architecte Charles Garnier, est inauguré en grandes pompes le 5 janvier 1875. Il devient dès lors le temple de la danse française.
Cependant, avec le 20ème siècle, la direction de l’Opéra plus attirée par la beauté et l’exotisme des ballerines étrangères, délaisse les danseuses françaises dont pourtant les qualités techniques et artistiques étaient souvent bien supérieures à celles des ballerines étrangères...
Charles Gir, fasciné par la danse et l'Opéra, hante ses couloirs. Il dessine, comme l’avait fait peu avant lui Edgar Degas (1825-1898) les ballerines sur scène, en répétition, au repos.
Perchée sur un haut tabouret, bien qu'au repos, la ballerine semble toujours dans le mouvement de sa danse. Un gracieux sourire aux lèvres, le regard encore concentré, les mains croisées sur son buste, elle semble encore perdue dans la musique. Vaporeux, son tutu bouffe autour d'elle tel une corolle harmonieuse.
Très rares ont été les artistes à représenter ce thème de la ballerine d'opéra. Charles Gir, passionné de cet univers, y a excellé et ses œuvres sur ce thème évoquent des monuments de douceurs et de beauté.
Une fonderie réputée : laFonderie Jaboeuf et Rouard
Créée en 1828 par les frères Boyer, la fonderie propose, dans un premier temps des garnitures de cheminée, mais aussi des sculptures. Le 27 décembre 1887, deux négociants, Albert Jaboeuf et Georges Bezout en rachète le bail et poursuivent la précédente activité de fonte d'objets d'art, de statues et de monuments publics. En janvier 1899, Georges Bezout cède ses parts à Albert Jaboeuf qui s'associe alors, en juillet 1899, à Henri Rouard. Le catalogue de 1900, l'année même où la fonderie est récompensée par une médaille d'or à l'Exposition Universelle, propose quelques 1 200 modèles. La fonderie ne réalise que des fontes au sable.
En 1901, la fonderie produisit notamment la statue monumentale d'Auguste Bartholdi, Vercingétorix, destinée à la ville de Clermont-Ferrand. D'autres récompenses suivirent, et Henri Rouard présida le Syndicat des Fondeurs de 1906 à 1923.
Souffrant d'une grave maladie qui le rendit impotent en 1917, Albert Jaboeuf meurt en 1919, âgé de 58 ans. Cependant, la fonderie continue de fonctionner sous la raison sociale de Jaboeuf et Rouard jusqu'en 1924. Le dernier catalogue de la fonderie est édité en 1935.
Pour aller plus loin :https://www.lestresorsdegamaliel.com/sculptures/288-le-repos-de-la-ballerine.html
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