(Lyon 1657 – Bonn 1734)
Portrait d’homme
Huile sur toile
H. 81 cm; L. 65 cm
Vers 1710
Représentatif de l’âge d’or du portrait français au tout début du XVIIème siècle, notre séduisant et interpellant tableau n’en garde pas moins sa part de mystère.
Il fut un temps attribué à Nicolas de Largillière, et jusqu’à ce jour portait sur son cadre un cartel Rigaud. Du premier il possède l’élégance, et du maître perpignanais la grandeur et la noblesse. Il pourrait également rappeler, seulement dans le vêtement et dans la pose, les portraits de jeunesse de Jean-Baptiste Oudry (qui se forma dans l’atelier de Largillière dans les années 1708/1712).
Au-delà de l’harmonieuse et rare combinaison de couleurs de l’habit, il faut admirer le rendu particulièrement illusionniste des chairs, que l’on pourrait presque imaginer pouvoir triturer !
C’est un portrait de jeune chanoine conservé au musée de Caen qui nous faisait encore jusqu’à peu pencher pour une possible attribution à Jean-Baptiste Jouvenet : même regard insistant et pénétrant, yeux mi-clos. Insuffisamment convaincus cependant par cet exemple unique, nous avons ré-analysé les effigies de Joseph Vivien dont notre portrait nous avait dès le départ semblé comporter des caractéristiques, pour y retrouver, parmi d’autres, les points communs suivants, qu’il s’agisse d’huiles ou de pastels:
– Une réelle complicité, essentiellement dans le regard, entre les modèles et le spectateur.
– Un traitement sans concessions, très réaliste et subtil, des chairs et de leurs marques de vieillissement.
– Un traitement particulier du contour des yeux, notamment des paupières inférieures.
– Une cravate très souvent nouée de la même façon, avec une touche dans le col qui semble identique.
– Des étoffes peu brillantes, même si Vivien est assez adepte de couleurs vives, avec des plis relativement sommaires, ronds et souples.
Essentiellement connu en tant que pastelliste (il était surnommé à l’époque le Van Dyck du pastel), Joseph Vivien produisit également de nombreux portraits à l’huile. Formé à l’Académie Royale, il avait débuté par la peinture d’histoire, obtenant le second prix de Rome en 1678, avant, peut-être sur les conseils de Lebrun, de se spécialiser dans le portrait et d’être reçu à l’Académie en 1701. Très sollicité par l’État français, il travailla aussi pour les cours étrangères, et fut notamment nommé par Maximilien-Emmanuel de Bavière comme son premier peintre.
Quant à notre modèle, il reste à ce jour inconnu. Financier, riche marchand ou peut-être puissant gentilhomme, il présente un mélange de bonhommie bienveillante et de malice qui rend sa personnalité difficile à cerner.