Tableau signé en bas à droite : « Pinel de Grandchamps »
Louis Emile Pinel de Grandchamps est un peintre orientaliste français ayant connu une carrière fleurissante de son vivant, laissant une œuvre variée de toiles orientalistes et de scènes de genres contemporaines, dont on ne peut que saluer la redécouverte.
Notre tableau compte parmi les œuvres inspirées par les quinze années passées au Proche- Orient du peintre Louis Emile Pinel de Grandchamps. Après un apprentissage artistique complet mené dans les ateliers d’Hippolyte Dubois et d’Édouard Picot à l’école des Beaux-Arts, il quitte Paris en 1849 pour l’Egypte. Par la suite, il vit et travaille à Tunis et à Constantinople, où une prestigieuse clientèle composée de beys, vice-rois et hauts-fonctionnaires lui commandent leurs portraits.
De retour en France, à partir de septembre 1865, Louis Emile Pinel de Grandchamp compose de charmants sujets orientalistes en vogue au Salon des Beaux-Arts de Paris où il fait son entrée l’année suivante. Pendant vingt ans, il participe assidûment au rendez-vous annuel du Salon, y présentant ses œuvres de 1866 à 1889. Sa vie durant, il expose également dans les capitales régionales : aux Salons des Beaux-Arts du Havre, de Lyon, de Dijon, de Chalon-sur- Saône, de Bordeaux et de Rouen. Ponctuellement, ses œuvres se retrouvent sur les cimaises des salons européens de Bruxelles et d’Anvers. En 1876, Louis Emile Pinel de Grandchamps figure parmi les meilleurs représentants de l’art français selon le comité organisateur de la section des Beaux-Arts de l’Exposition universelle de Philadelphie qui sélectionne sa Fantaisie Orientaliste. Son nom circule dans les milieux artistiques internationaux et ses œuvres sont accueillies avec enthousiasme par la critique, appréciées pour leurs effets de mouvements rendus par le traitement plastique de la lumière. Les nombreuses reproductions photographiques publiées dans le quotidien L’Art Contemporain et sous forme de carte-album par la compagnie Braun, Clément & Cie, successeurs et l’éditeur Adolphe Block témoignent de la grande visibilité des œuvres de Louis Emile Pinel de Grandchamps et de leurs circulations.
Ce portrait de jeune femme orientale est tout à fait remarquable par la finesse de son exécution. Une douce lumière enveloppe la scène et dessine habilement les traits du visage de ce charmant modèle. La jeune femme brune à la chevelure ondulée est coiffée d’un turban et vêtue d’un chemisier soyeux de fines dentelles. L’habilité du peintre tient aux choix d’un arrière-plan frotté au pinceau, aux tons brun-rouge. L’accent est ainsi porté sur la luminosité de la figure, sur
la sensualité de la pause et sur la préciosité de la description des accessoires.
La jeune femme s’accoude sur une boîte en bois laqué noir et or de forme octogonale. Encadrés par des bandes décoratives, des personnages en costumes traditionnels chinois sont
représentés dans une architecture en extérieure. Ce type de boîtes laquées étaient produites à Canton au XIXe siècle, sur commande spéciale de clients européens. Le sujet de ces boîtes chinoises, spécifiquement destinées au marché d’exportation, était perçu comme typiquement oriental par les amateurs d’objets dits exotiques. De nombreux musées, tels que le Musée des Arts Décoratifs de Paris et le Victoria & Albert Museum de Londres, en conservent de beaux spécimens.
Les mains harmonieusement croisées, elle tient également un élégant chasse-mouches au manche sculpté probablement surmonté de plumes d’aigrette de couleur ivoire évoquant les chasse-mouches finement ouvragés, provenant de Turquie, et datant du XIXe siècle dont la rareté et la beauté font le bonheur des collectionneurs.
Les tableaux de Louis Emile Pinel de Grandchamps étaient déjà en nombre à la fin du XIXe siècle dans les collections des musées des Beaux-Arts français, à Beaune et à Alès. Ses toiles orientalistes, véritables support à la rêverie, continuent de susciter l’intérêt des institutions culturelles à l’instar du musée de Narbonne et de la RAK Art Foundation de Bahrain qui s’en sont portés acquéreurs ces dernières années.
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