Notre composition met en scène le texte paradigmatique de l’Evangile selon Matthieu(chapitre 25) qui évoque les œuvres de miséricorde que tout chrétien devrait accomplir pour gagner son salut. Seules les sept œuvres de miséricorde corporelles sont évoquées ici. Bien que le sujet soit manifestement d’ordre religieux, Frans Francken le Jeune, comme il a coutume de le faire, nous offre une démonstration de son talent à construire des scènes animées selon la technique de l’isocéphalie. Ainsi, des attroupements occupent l’espace et animent la scène dans les différents plans.
A l’intégration harmonieuse des figures sur les différents plans répond le jeu des drapés des étoffes donnant une impression d’ondulation des groupes. Les tons de base sont ocre-beige et gris-bleu et les personnages sont éclairés par une lumière diffuse. Les costumes réalisés dans une large palette de couleurs acidulées couvrent les chairs des protagonistes qui varient du teint laiteux aux carnations plus ambrées. Les vêtements et les carnations sont constitués de fins glacis superposés.
Comme un arrêt sur image, les personnages sont saisis en plein mouvement, parfois en force souvent gracieux. Notre peinture est une invitation à la découverte de l’univers à la fois précis et sensible de Frans Francken le Jeune dans les années 1610/20.
Provenance: collection privée belge.
Dimensions: 51 x 79,5 cm
Œuvres en rapport, différentes versions sur le même thème répertoriés dans la monographie de Frans II Francken par Ursula Harting (1983) :
270 : Frans II signé et daté 1615 – 52 x 80,5 cm huile sur panneau de bois. Vente Köller 1979 (ill. p.307 fig. 270)
271 : très proche, composition inversée. Signé daté 1617. 99 x 148 cm huile sur panneau de bois. Musée des Beaux-Arts de Bâle n° inv 1142 (ill. p. 308 fig. 271)
272 : Proche de la composition 271. Signé 49,3 x 86,8 cm huile sur panneau de bois. City Art Gallery Manchester n° inv 1912 (ill. p. 308 fig. 272)
Frans II Francken ou Frans Francken le Jeune (Anvers 1581 – Id. 1641). Fils de Frans I et frère de Hieronymus II et Ambrosius II, il est le plus réputé de la dynastie des Francken. Excellant dans les genres les plus divers, il se spécialise dans la peinture de petit et moyen format (dite aussi peinture de cabinet) et que Rubens appelait les «cose piccole».
Il peint de nombreuses scènes bibliques, mythologiques et historiques dans lesquelles il représente des foules compactes selon la règle d’isocéphalie. Poussant la technique du glacis à la perfection, il parvient à une délicatesse de nuances et à des effets de fluidité qui donnent tout leur intérêt aux figures d’arrière-plan. Les plus grands artistes flamands font appel à son talent, on retrouve ainsi les groupes virtuoses de Francken dans les paysages d’Abraham Govaerts, Joos de Momper ou Jan Brueghel I et II, dans les architectures de Bartholomeus van Bassen, Pieter Neeffs I ou encore Hendrick van Steenwijck pour n’en citer que quelques-uns.
Les œuvres de miséricorde, partiellement présentes dans l’Ancien Testament, sont surtout développées dans l’Evangile selon Matthieu dans sa parabole du Jour du Jugement. Elles sont les principales actions de bienfaisance que tout chrétien devrait exécuter par amour pour son prochain afin d’alléger «sa peine». L'accomplissement de ces œuvres est de nature à réparer les fautes commises et à assurer son salut.
Ainsi, chaque chrétien est encouragé à accomplir ces œuvres (ou actes) de miséricorde en suivant la voie du Christ pour alléger la misère des hommes. Elles sont en réalité au nombre de 14 divisées en deux groupes : les sept œuvres spirituelles et les sept œuvres corporelles. Ces dernières se fondent précisément sur la parole de Jésus tirée de l’Évangile de Matthieu.
L’Église énumère ainsi les différentes œuvres de miséricorde corporelles:
1- donner à manger aux affamés
2- donner à boire à ceux qui ont soif
3- vêtir ceux qui sont nus
4- accueillir les pèlerins
5- assister les malades
6- visiter les prisonniers
7- ensevelir les morts