Lecture
dessin à la mine de plomb
signé et daté au milieu à droite «S. Rappa / 29.1.1920 / Paris»
340 x 245 mm
Bon état, non encadré
Séverin Rappa (1866-1945) est l'un des artistes défendus et encouragés par Félix Fénéon durant la première moitié du XXème siècle. Formé en Italie comme sculpteur sur bois dans les années 1880, il voyage à travers l'Europe, en Suisse et en France, fasciné et convaincu par les thèses anarchistes les plus pures et radicales à la fois.
Expulsé de France en 1892 pour ses idées et peut-être ses actions, Séverin Rappa peut revenir à Paris en 1899 où il entre dans l'atelier du sculpteur et médailleur Alexandre Charpentier. C'est certainement grâce à Charpentier que Rappa rencontre plus intimement le groupe des Néo-impressionnistes, notamment Maximilien Luce, Paul Signac, Theo van Rysselberghe et d'autres agitateurs de la fin du siècle, dans tous les domaines.
Au court de sa carrière, certes confidentielle, Séverin Rappa a exposé aux côtés des plus grands noms de la peinture moderne et dans certains des Salons les plus novateurs : en 1909 à La Libre Esthétique de Bruxelles, et dans ces mêmes années aux Salons d'Automne, Salons des Indépendants et Salons de la Société nationale des Beaux-Arts.
Notre dessin, daté et situé à Paris le 29 janvier 1920, est tout à fait caractéristique de la manière et de l'esthétique de cet artiste toujours précis et aventureux. Au sommet de la feuille, comme souvent dans ses dessins, Rappa donne le titre de son œuvre, en lettres majuscules stylisées.
Lecture
Cette jeune femme est absorbée dans ses pensées, peut-être même dans la beauté qui se dégage de l'ouvrage qu'elle tient entre ses mains. La poésie de notre œuvre est à la fois dans les vibrations incessantes de la mine de plomb ainsi que dans le cadrage qu'a choisi l'artiste.
Séverin Rappa ne fait pas entrer l'anecdote dans son dessin, il ne montre pas le livre. Il dessine davantage le plaisir de la lecture, la réflexion au fil des mots, l'abstraction pure qu'est le questionnement des choses littéraires, poétiques ou politiques.
Séverin Rappa s'est consacré presque exclusivement aux portraits dessinés, toujours de la même manière, et le plus souvent à la mine de plomb, comme ici.
Son dessin se reconnaît immédiatement, surtout pour qui connaît les différents portraits que l'artiste a faits de Félix Fénéon et de ses proches au fil des années d'amitié intime et intellectuelle. Dans sa façon de dessiner, Rappa évoque Théo van Rysselberghe, Lucie Cousturier, Émile Compard, d'autres artistes proches de Fénéon.
Le dessin est bien conservé, présenté en feuille.