Johan Barthold Jongkind (Lattrop 1819 - 1891 La Côte-Saint-André)
Nuages sur La Côte-Saint-André (recto) ; Croquis de paysage (verso)
Craie noire, aquarelle, 161 x 252 mm (6,3 x 9,9 pouces)
Daté "21 juin 1880" (craie noire, en bas à gauche) ; numéroté "373" (encre brune, en bas à droite) et numéroté "153D" (crayon, verso, en bas à droite).
Provenance
Collection privée, Suisse
Les effets transitoires de la lumière sur les paysages et les marines capturés par Johan Barthold Jongkind, en particulier à l'aquarelle, ont fortement influencé des peintres français comme Eugène Boudin et Claude Monet, ainsi qu'une génération plus jeune, dont Paul Signac.1 Jeune homme, Jongkind étudie à La Haye à l'Academie voor Beeldende Kunsten avec Andreas Schelfhout, qui en est alors le directeur. En 1848, à l'âge de vingt-sept ans, il s'installe à Paris, où il étudie avec Eugène Isabey. Sa rencontre avec les œuvres de Richard Parker Bonington et de Camille ...
Lire la suite
... Corot l'incite à rechercher la même transparence atmosphérique dans ses propres peintures et aquarelles.
En France, Jongkind s'associe aux peintres de l'école de Barbizon, mais il travaille aussi souvent dans les environs du Havre et passe une partie de l'année dans sa Hollande natale. Avec sa compagne, Joséphine Fesser, rencontrée en 1860, il voyage dans le sud de la France et sur la Côte d'Azur en 1880, réalisant des croquis à l'aquarelle. En 1878, Jongkind prend un appartement et un atelier chez le fils de Mme Fesser, Jules, à La Côte-Saint-André, près de Grenoble, dans l'Isère. Il y meurt en 1891.
Jongkind est considéré à juste titre comme une influence déterminante pour les peintres impressionnistes. Il a exposé au premier Salon des Refusés en 1863. Jongkind a servi de mentor à Alfred Sisley, Eugène Boudin et au jeune Monet. Paul Signac l'a qualifié de "génial précurseur" de l'impressionnisme et a écrit une première biographie de lui en 1927, Edouard Manet l'a décrit comme "le père de la peinture de paysage moderne" et Claude Monet a attribué à Jongkind "l'éducation définitive" de son œil artistique. Les écrivains et critiques Emile Zola et Charles Baudelaire ont fait l'éloge de l'artiste.
Dans cette superbe aquarelle de carnet de croquis, Jongkind se montre innovant et frais, même à l'âge de soixante et un ans. L'artiste s'est concentré entièrement sur les formations nuageuses, remplissant la majeure partie de la feuille. L'horizon est formé par une masse angulaire de toits et de montagnes lointaines, seulement interrompue par l'étroit moulin à vent ou la tour. Le maniement agité de la craie noire et du lavis bleu appliqué en vrac montre l'artiste au sommet de son art, et l'angularité rappelle l'œuvre de Cézanne. La délimitation des nuages peut par exemple être comparée à une aquarelle du Metropolitan Museum de New York, qui date de 1870 et dont la composition est plus traditionnelle que notre feuille plus "moderne" (voir fig.)2.
Boudin a écrit à propos des aquarelles de Jongkind en 1887 : Plus on regarde ses aquarelles, plus on se demande comment elles ont été faites ! Elles sont faites à partir de rien et pourtant l'insaisissabilité et le volume du ciel et des nuages sont rendus avec une précision inimaginable.'3
Cette aquarelle a été enregistrée auprès du Comité Jongkind, Paris/La Haye, sous le numéro G02049R (recto) et G02049V (verso).
1. Pour l'artiste, voir John Sillevis et al, Johan Barthold Jongkind, cat. ex. La Haye (Gemeentemuseum), Cologne (Wallraf-Richartz Museum) et Paris (Musée d'Orsay) 2004.
2. Bateaux de pêche hollandais, aquarelle sur craie noire, 162 x 267 mm, inv. n° 17.120.238 ; James A. Ganz et Richard Kendall, The Unknown Monet : Pastels and Drawings, cat. d'exposition, Londres (Royal Academy of Arts), Williamstown (Sterling and Francine Clark Art Institute) 2007, p. 85, ill. p. 86, fig. 76.
3. Eugène Boudin, L'Art, XLIII, 1887 ; cité par V. Hefting, L'Univers de Jongkind, Paris 1976, p. 60.