Il partit très jeune à Venise, où devint l'élève d'Antonio Zanchi. Il part, en 1678, à Rome où il passera toute sa carrière. Il fut rapidement employé par le cardinal Flavio Chigi, pour qui il exécuta, entre autres œuvres, deux retables pour la cathédrale de Sienne, Le Christ entre saint Philippe et saint Jacques, en 1687 et Le Martyre des quatre saints couronnés en 16882. Son mentor à Rome est le cardinal vénitien Pietro Ottoboni, neveu d'Alexandre VIII, figure de premier plan de l'Académie d'Arcadie, et un des plus importants mécènes du moment, qui protège le jeune Filippo Juvarra et quelques compositeurs comme Arcangelo Corelli, Alexandre Scarlatti et Georg Friedrich Händel. Trevisani fut admis officiellement à l'Académie en 1712 et en adopta les idéaux. Il dépassa les tendances baroques pour des compositions simplifiées, une expression plus sobre des sentiments, des tonalités délicates et un usage plus fonctionnel de la lumière destiné à servir la représentation.
À Rome, il devient un des plus importants artistes qui continuèrent dans le sillage de Carlo Maratta. Dans les années, 1690-1700, il s'est surtout consacré à l'art de la miniature1, mais il faut noter parmi les œuvres les plus importantes de sa carrière, les deux toiles pour l'église Santa Cristina de Bolsena, Miracle du caporal, 1699 et Nativité de la Vierge en 1704, ainsi que La Mort de saint Joseph, en 1712-1713 à Saint Ignace, et les peintures pour la chapelle de la bienheureuse Lucia di Narni, à la cathédrale de Narni, en 1712-1715. Par ailleurs, son activité de portraitiste servit d'exemple à Pompeo Batoni.
Sur le thème du tableau :
Marie de Magdala est une ancienne malade, atteinte de possession, que Jésus a guérie en faisant sortir d'elle "sept démons". Le surlendemain de la Pâque, à l'aube, après le repos du chabat, Marie est accompagnée par un groupe de femmes. Elle se rend au tombeau du Christ et voit que la pierre a été enlevée. Le tombeau est vide. Que s'est-il passé? Elle alerte Simon et Jean qui la laissent seule, en pleurs, dans le jardin funéraire. Deux anges l'interrogent, puis arrive une silhouette. "Femme, pourquoi pleures-tu? Qui cherches-tu?". Et puis "Marie?" Au son de cette voix, elle reconnaît le Christ. "Rabbanou" dit-elle en hébreu [notre maître], puis vient la scène peinte par le Corrège : elle voudrait le toucher pour s'assurer de son existence, mais il la repousse. "Ne me touche pas", dit-il.
Le Christ n'est plus un homme, mais ce n'est pas encore un Dieu. Il se dresse dans le jardin du Golgotha.
.Bibliographie : Frank R. Di Federico, Trevisani, Eigtheen-Century Painter in Rome, Washington, 1977.
Œuvres en rapport : Frank R. Di Federico, idem, n° 34, fig. 28. Un tableau de même sujet de plus petites dimensions (67,5 x 51,3 cm) : Catalogue des tableaux du cabinet de Feu S.A.S. Monseigneur de Carignan ... A Paris chez Poilly graveur et marchands d’estampes de feu S.A.S. le Prince de Carignan, rue Saint Jacques à Saint Benoît, Hôtel de Soisson, le mardi 18 juin 1743 et les jours suivants :un tableau de 25 pouces de haut sur 19 pouces de large représentant Noli me Tangere par Trevisati (sic), .... 460 livres. Une autre version (97,8 x 72,4 cm) dans la collection du marquis d’Exeter, attribuée à Maratti puis rendue à Trevisani et datée des années 1710 par Ellis Waterhouse.