Ecole génoise du XVIème siècle.
Dans le compartiment de gauche, les deux saintes sont la Vierge debout et Anne assise, devant un fond représentant une colonnade et un ciel tourmenté. Marie est tête couverte, avec une auréole sainte ; Anne est aussi couverte, auréolée et porte un manteau richement décoré à lisière d’or et Marie est encouragée par sa mère à déchiffrer le texte inscrit sur le livre ouvert posé sur elle sue lequel est probablement écrit «Audi Filia et vide et inclina aurem tuam quia concupivit rex speciem tuam» (« Écoute ma fille, vois et tends l’oreille, car le roi a désiré ta beauté »). Ce sont les mots du psaume 44, versets 11 et 12, devenus antienne liturgique, considérés comme l’annonce de l’élection de Marie, « parmi toutes les femmes », comme mère du Sauveur (le Christ, en l’occurrence) et épouse du Roi (Dieu le père).
Dans le compartiment central, la scène de l’Annonciation est déployée avec une particulière richesse picturale. L’ange Gabriel présente à la Vierge le Lys, sous la forme de la fleur de Lys royale de France, tandis que la Vierge est assise derrière un prie-Dieu et devant un lit à baldaquin. Le Saint Esprit s’introduit par une fenêtre de la chambre. L'Annonciation est en effet un des mystères centraux du culte chrétien. C'est en effet le moment où le divin s'incarne en homme : l'ange Gabriel annonce à Marie son nouveau statut de mère du Fils de Dieu, et lui explique qu'elle portera un enfant en son sein tout en restant vierge. C'est l'origine de la croyance en une conception virginale qu'il ne faut pas confondre avec le dogme de l'immaculée conception qui est propre au catholicisme (il est rejeté explicitement par la plupart des protestants et des orthodoxes, tout en étant souvent laissé à leur libre appréciation par leurs églises et communautés respectives).
Dans le compartiment de droite, la scène de la Visitation se situe dans un environnement urbain idéalisé par une architecture complexe à la perspective encore approximative, propre à la Renaissance (obélisque, pyramide, façade de palais italien…). Sainte Elisabeth, enceinte de Saint Jean-Baptiste touche le ventre de la Vierge. La Visitation de la Vierge Marie est en effet une fête chrétienne célébrée par les catholiques et les orthodoxes. La fête de la Visitation commémore un épisode de l'Évangile selon Luc : la visite que rend Marie, enceinte du Christ, à sa cousine Élisabeth, enceinte de Jean Baptiste. « En ces jours-là, Marie partit et se rendit en hâte vers le haut pays, dans une ville de Judée. Elle entra chez Zacharie et salua Élisabeth. Or, dès qu'Élisabeth eut entendu la salutation de Marie, l'enfant tressaillit dans son sein et Élisabeth fut remplie du Saint Esprit. Alors elle poussa un grand cri et dit : "Tu es bénie entre les femmes, et béni le fruit de son sein ! Et comment m'est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? Car, vois-tu, dès l'instant où ta salutation a frappé mes oreilles, l'enfant a tressailli d'allégresse en mon sein. Oui, bienheureuse celle qui a cru en l'accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur (Lc 1:39-45) !" »
L’orthographe du cartouche « SANCTA ELIZABET » nous donne un indice précieux sur la datation du tableau car c’est ainsi que dans la tradition génoise on écrivait le nom de Sainte Elisabeth du XIVème au XVIème dans la République de Gènes.