PORTRAIT D’UNE DAME À LA CORNETTE
NICOLAS BENJAMIN DELAPIERRE
La Croix Rousse 1739 - 1802 La Croix Rousse
Huile sur toile, signée "N. B.D.L.P. / 1781. »
60 x 50 cm / 23,6 x 19,7 pouces, avec cadre 74 x 64 cm / 29,1 x 25,2 pouces
Nicolas-Benjamin Delapierre, né à Croix-Rousse près de Lyon, débuta sa carrière artistique dans les ateliers de Charles Van Loo et de Jean-Baptiste Chardin. Dès ses premières œuvres, il révéla un sens raffiné de la forme et de la couleur, caractéristiques de l'école française du XVIIIᵉ siècle. Cependant, le destin voulut que ses plus grands succès se réalisent non pas dans son pays natal, mais en Russie, où il arriva en 1767. C’est là que son talent trouva son plein épanouissement, plaçant Delapierre parmi les portraitistes les plus remarquables de son époque.
Parmi ses premières réussites en Russie figure le portrait du grand-duc Paul Petrovitch, commandé par le comte Panine. L'artiste sut saisir avec une précision remarquable les traits du jeune héritier, ce qui lui valut l’admiration de ses contemporains. Ce succès affermit sa réputation et lui ouvrit les portes de commandes prestigieuses, notamment auprès du comte Piotr Borissovitch Cheremetev. Pour ce dernier, Delapierre réalisa les portraits des enfants du comte, Nikolaï et Varvara, aujourd'hui conservés dans la collection de l’ensemble Kouskovo. Ces œuvres, exécutées avec une touche vibrante et expressive, marquèrent une étape décisive dans l'évolution du portrait russe.
Un exemple éclatant de son talent est le Portrait d’une dame a la cornette, peint à Saint-Pétersbourg en 1781. Ce tableau séduit par l’harmonie des couleurs et la liberté de la technique, évoquant les plus belles traditions du portrait français. L’image est empreinte de vitalité, tandis que les subtils jeux d’ombre et de lumière confèrent au modèle une grâce naturelle et une profondeur intérieure.
L’œuvre de Delapierre incarne une synthèse des traditions classiques de l'école française et des courants émergents de la peinture russe. Ses portraits témoignent non seulement de sa maîtrise technique, mais aussi de sa capacité à capturer l'essence même de ses modèles. Le retour de l’artiste en France en 1785 marqua la fin de sa période russe, qui laissa une empreinte indélébile dans l’histoire de l’art du pays. Bien que ses dernières années en France aient été plus modestes, Delapierre demeure une figure clé ayant contribué à façonner l’identité visuelle de son époque.
PROVENANCE
Paris, collection privée
Tajan, Paris, Tableaux Anciens, 19 février 1999, lot 127 (comme " DELAPIERRE, Femme au bonnet dentelle")
Paris, Galerie Heim Gairac. Le catalogue Tajan (1999) contient des informations sur "Femme au bonnet dentelle [Femme au bonnet de dentelle], 1779" mais pas d'image. L'image du dossier du Louvre porte la mention "De la Pierre, Documentation Heim-Gairac", et aucune autre information, mais il semble s'agir du même tableau.
LITTÉATURE
Государственная Третьяковская галерея, Живопись XVIII века. Том 2, Москва, 2015
Государственный Русский музей, Живопись, XVIII век. Каталог. Том 1, Санкт-Петербург, 1998
Краско А.В. Фонтанный дом его сиятельства графа Шереметева. Жизнь и быт обитателей и служителей, Санкт-Петербург, 2019
Benoît Berger Nicolas-Benjamin DELAPIERRE (ca 1739- Lyon, 1802): Visage(s) d’un portraitiste , La Lettre de la MiniatureN° 11. Mars 2012. Rédaction: ©Nathalie Lemoine-Bouchard.
Berger Benoît, «Sur les traces du peintre Nicolas-Benjamin Delapierre», Bulletin municipal officiel [de la ville de Lyon], 5710, 1eroctobre 2007