Huile sur toile, signée et datée en bas à gauche « Dimitry Kouznetsoff. 93 ».
-Au dos du châssis tampon Hardy Alan ( Célèbre restaurateur de toile, fournisseur de toiles et couleurs fines, au 56 rue du Cherche-Midi a Paris ).
Provenance : Collection de la cantatrice et danseuse russe Maria Nikolaevna Kouznetsova (1880-1966), nièce de l’artiste.
Conservé depuis dans sa descendance. -Son appartement-atelier, situé au 6 rue Aumont-Thiéville est resté dans la famille depuis le décès de l’artiste en 1924 -
Certificat d'authenticité établi par ces descendants -
http://odessaart.org.ua/Stepanovka/
Que voit on ?
L'incroyable audace du format à l'italienne choisi; une radicalité du propos - Toute une palette sourde et ténue de nuances taupes, ocres, nacrées pour évoquer invoquer le corps, les carnations moelleuses et souples-
Splendide corps, détendu, étendu plein format, à caresser des yeux -Inutile de souligner le plaisir incroyable qu'a du ressentir Dimitry Kouznetsoff, à peindre les courbes harmonieuses de cette femme - Sur la droite un curieux volatile au long cou observe le corps alangui -
Le regardeur regardé ?
Je crois sincèrement que le tableau est autant fait par le regardeur que par l'artiste... Duchamps
Le plus étonnant et déstabilisant reste que nous ne voyons pas le visage de cette femme ce qui renforce le mystère de cette toile --
C'est une toile qui m'a résisté lorsque je l'ai vue pour la première fois, j'ai mis pas mal de temps à en saisir les sens possible -
Autre, cette peinture m'a renvoyé de facto à Leda et le cygne avec le thème de la geméllité du double ( cf notre curieux volatil au long cou penché sur le corps ) -
Ou comment les Tendances opposées cohabitent dans l’homme : matière et esprit, ombre et lumière, terrestre et céleste -
Nikolai Dmitrievich Kouznetsov et Dimitry Dimitrievich Kouznetsoff (1852 - 1924) sont nés dans le village de Stepanovka dans une famille de grands propriétaires terriens et de militaires, dans la région d’Odessa -
La production de Dimitry est moins connue que celle de son frère Nikolai - A tort car la force évocatrice de ses toiles reste bien supérieure - Nicolaï est une force de la nature enclin aux extrêmes alors que Dimitry reste un cérébral doté d'une palette de nuances sourdes dans ces oeuvres - Il est des artistes plus disposés à travailler qu'à se faire connaître -
Pour notre toile il utilise les contrastes d'une manière subtile, le fond traité énergiquement à grand coups de brosse fait jaillir ce corps alangui qui lui est doté de nuances fines et glacis incroyables - A la maniére des Nabis ou plus encore des symbolistes pour qui la vocation première de la peinture est et doit rester le sens avec une dimension sacrée -
La femme relève toujours de cette dualité : femme fatale ou vierge -
Dimitry a vécu sur Paris ou il avait un atelier et a du être sous l'influence des symbolistes lors des ces voyages puisque ce courant s'est aussi largement répandue en Russie pendant plus de trente ans --
Les deux frères firent parti du célèbre mouvement des ambulants qui prônait un éloignement de l'académisme, un partage des savoirs ainsi qu' un retour à une forme de naturalisme - Nikolai de retour en Russie ouvrit d'ailleurs un musée dans sa propriété avec sa collection ou il dispensait des cours de peinture -
Quelques-uns des tableaux de Dimitry sont des tableaux de Salon, exposés à « la Nationale » (Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts), parfaitement aboutis et d’une grandeur époustouflante.