Artiste polyvalent à l’univers singulier et à la carrière féconde, Charles Léandre se distingue particulièrement dans le domaine de la lithographie, qui lui vaut d’obtenir une médaille d’or à l’Exposition Universelle de 1900, puis, en 1921, la médaille d’honneur au Salon des artistes français.
Sa production lithographique inclue plusieurs éventails produits à l’occasion de fêtes. Celui-ci fut réalisé pour servir de programme à la matinée de gala donnée par la Société des peintres lithographes le 23 avril 1903 à l’Opéra-Comique afin de lever des fonds pour l’érection d’un monument à la mémoire du dessinateur satirique Gavarni (1804-1866).
Plusieurs membres de la société, dont Chéret, Forain, Eliot et Léandre, créèrent à cette occasion des modèles pour des programmes en forme d’éventails. Ils reçurent un tel succès que « bien des personnes [furent] obligées de s’en aller sans pouvoir emporter ce joli souvenir »[1]. Le musée Carnavalet en conserve dix exemplaires différents, dont celui qui correspond à notre lithographie.
Une jeune femme élégante y est figurée en partie gauche, un singe sur ses genoux. Derrière elle se tient un homme accoudé, un livre ouvert devant lui, qui semble perdu dans ses pensées. Pour cette allégorie de l’inspiration créatrice composée en hommage à Gavarni, la jeune femme est vêtue selon la mode prévalant sous la Monarchie de Juillet, lorsque Gavarni dessinait notamment pour le Charivari.
[1] Anonyme, « La matinée Gavarni », La Fronde, 24 avril 1903, p. 2.