Imposante huile sur toile 131 x 97
En 1602, Michelangelo Merisi da Caravaggio (1571-1610) réalisa « Saint Jean-Baptiste – Garçon au bélier », aujourd’hui conservé aux Musées du Capitole à Rome.
C’est une commande pour la collection privée du marquis romain Ciriaco Mattei, qui mentionna le tableau dans l’inventaire de sa collection et dans son testament (1623) sous le nom de
« Giovanni Battista [Jean-Baptiste] » et le transmit après sa mort au cardinal Francesco Maria Bourbon Del Monte (1549-1927),
La représentation provocante et sensuelle du saint sous les traits d’un garçon des rues, nu et érotique, fit scandale à l’époque et fut rejetée par les gardiens des bonnes mœurs
de l’époque-
Jean est habituellement représenté en présence d’un agneau, qui représente Jésus en tant que « Agnus Dei », dans le présent motif, Caravaggio fait étreindre son Jean par un bélier mâle
indéniablement adulte, dans un clair-obscur [Chiaroscuro] remarquable et un naturalisme séduisant –
Il a fasciné par sa grande qualité artistique et a véhiculé, sous le couvert d’une peinture de saints, un érotisme presque flagrant auquel l’artiste et probablement le commanditaire lui-même ont
adhéré.
Le bélier porte en lui un autre symbole ; celui de la débauche. La position du jeune homme enlaçant cet animal à la vertu douteuse peut être interprétée comme un symbole de luxure, bien loin du sacré supposé du thème pictural. On peut dire également que la présence d’un bélier, le décor sombre mais bucolique du fond du tableau, la chevelure du personnage fait plus penser à une scène orgiaque de mythologie qu’à une scène religieuse.
La feuille de raisin est autant un symbole de sacrifice, rappelant le rachat du pêché originel… que la vigne de Dionysos… Autant d’ indices qui laissent supposer qu’on n’est pas en présence d’une œuvre relevant du sacré.
Il va travailler dans plusieurs ateliers, dont celui de Giuseppe Cesari, dit le Cavalier d’Arpin, où il est chargé de peindre les fleurs et les fruits dans de grandes compositions. Une tâche pour laquelle il fait preuve de talent, comme le montre son « Joueur de luth », un tableau du musée de l’Ermitage – Une des inventions de Caravage, les scènes de musique profane : un jeune homme, le regard perdu, joue du luth, une partition étalée devant lui, à côté d’un bouquet, de quelques fruits et légumes. Il décède à 34 ans seulement après une vie assez mouvementée-