Travail d'ébénisterie de luxe parisien de Style Louis XV de la seconde moitié du XIXe siècle d'Epoque Napoléon III. Circa 1855. Bien que non signée, cette précieuse Pièce mobilière est à rapprocher des créations d'"ébènisterie de goût et de fantaisie" proposées au cours des années 1850-1860 par d'émérites Maisons parisiennes comme celles de Georges Alix, A.Giroux, E. Lemarchand, Mercier frères ou Tahan en l'occurence fort courues de l'élite du Second Empire pour leurs "ouvrages d'ébénisterie, charmants et trés remarquables, les uns par leur élégance et leur bon goût, les autres par la nouveauté de leurs modèles, tous par la perfection de leur travail".
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Une "Fantaisie artistique "du Second Empire.
A la vue de cet exquis Bonheur -du-Jour "qui a du faire rêver bien de riches jeunes demoiselles" ou Dames de qualité d'antan, le littérateur Auguste Luchet (1806-1872), admiratif des "charmants petits meubles de fantaisie" exposés lors des manifestations Internationales par des Maisons d'ébénisterie d'art émérites en ce genre de pièce mobilière, eût concédé de sa plume enjouée: : "C'est miroitant et coquet".
Campé sur quatre pieds cambrés, ce "meuble dédié aux écritures domestiques"offre toutes les commodités séant aux impératives ou secrètes activités épistolaires d'une Elégante. Placé en retrait, ouvrant à deux vantaux et à deux tiroirs en partie inférieure, son gradin à la doucine couronnée d'une dentelle de bronze doré ajourée de motifs tréflés ménage une table-plateau.Sous celle-ci se glisse, en ceinture, un large et profond tiroir démasquant une écritoire coulissante et deux casiers.Dès lors, menus bibelots, folios,nécessaires à écrire, albums, carnets,papiers divers, ..peuvent investir de leur aimable fourbi plans et recoins de ce meuble voué à la gente féminine.
Privilégiée par les ébénistes de l'époque toute acquise aux formes, matériaux distinctifs du Style Louis XV considéré dans les années 1850 comme "'expression quintessenciée de l'élégance et du bon goût" (Gabet, Olivier) de l'art français, une chatoyante marqueterie en frisage de bois de rose cernée en d'élégants cartouches de bois de violette nimbe le meuble. Du contraste de ces deux essences précieuses résulte un effet tout à la fois sobre, lumineux et raffiné.
Empruntant au répertoire ornemental du XVIIIe siècle motifs naturalistes fantaisistes ou tendres et gracieux, sa parure de bronzes dorés finement ouvragée se veut jubilatoire, enchanteresse. Ainsi, centrées de miroirs ou ajourées, des coquilles, demi-coquilles à bords échancrées enveloppées de volutes, d'enroulements feuillagés et crossettes d'acanthe accentuent le galbe du meuble, forment écoinçons ou agrafes, scandent ses poignées ,ses entrées de serrure et chaussent son piétement. Alternés d'oves, de menus cabochons, des rinceaux fleuris épousent en partie basse sa forme chantournée, sertissent sa ceinture ou s'étirent en fines baguettes sur ses montants. Des galons de passementerie, des joncs sillonnés d'ondoyantes tigelles fleuries ou enrubannés ganse son gradin, festonnent ses panneaux .Illuminant sa doucine, une coquette gerbe nouée piquée de fleurettes forme écho aux radieuses effigies de Flore disposées en applique sur les montants du meuble; de leur longue chevelure nouée s'épanouit en chûte une luxuriante guirlande champêtre. Parsemés de fleurs printanières, ces deux motifs suggèrent que ce Bonheur-du-Jour fut conçu soit pour une jeune femme distinguée entrée depuis peu dans le Monde, soit pour une bien jolie et enjoleuse Mondaine . Assertion confortée par la thématique choisie pour les charmants tableautins de porcelaine qui bijoutent délicieusement ce meuble d'une exquise féminité.
Enchâssés dans des cartouches rocaille en bronze doré ceints de branchages fleuris, deux médaillons en porcelaine délicatement peints s'auréolent, dans un encadrement Bleu Celeste rehaussé de joncs, jetés de fleurs or, de suaves figures enfantines. Evoluant au sein de poudreuses nuées, de souriants chérubins aux têtes bouclées, aux formes potelées nimbées de voletantes draperies s'affairent. Avec une charmante diligence, les premiers exhibent, songeurs, auprès d'une gerbe de boutons de roses et d'épis de blé, un cadre enguirlandé à motif central de deux coeurs enflammés unis; les seconds, séants aux côtés des attributs de la Sculpture (maillet, rouleau de dessin, bas-relief modelé à l'effigie de Vénus, déesse de L'Amour), couronnent le génie de l'art prompt à célébrer l'Amour. Traités dans des tonalités douceureuses, ces "petits composés de grâces, de tendresse, d'ingénuité et de goût" formant pendants déclinent librement thèmes, figures des Amours, motifs et palette chromatique caractéristiques de l'enchanteur onirisme amoureux de François Boucher (1703-1770), peintre majeur de l'univers galant du règne de Louis XV. En harmonie avec ses tableautins chantant les ardeurs du sentiment amoureux, deux menues plaques de porcelaine serties d'un cartouche chantourné pondèrent le tiroir central du meuble.Traitées avec joliesse, légéreté, celles-ci s'animent sur fond de paysage champêtre arboré de volatiles perchés aux vifs et gais ramages: messagères de divertissements, de revêries bucoliques, une fine aigrette (symbole de beauté, d'élégance)) fait pendant à une flamboyante bergeronnette (associée au tendre mois de mai).
D'une adorable fantaisie, ce décor porcelainier d'une délicatesse, d'une fraîcheur remarquables parfaitement adapté à la destination du meuble convoque l'imaginaire épistolaire du XVIIIe siècle où les badinages champêtres préludaient aux amours galants comme ingénus.
Superbe de la marqueterie de bois au flamboyant chromatisme, préciosité ornementale, décor porcelainier d'un raffinement exquis muent littéralement en "bijou" ce meuble aux formes Louis XV réinventées. Comme tel, il s'avère caractéristique des "petits meubles de luxe et de fantaisie"créés sous le Second-Empire par des ébénistes parisiens de renom enfantant, au grand dam "des Dames de qualité, de jeunes demoiselles " ou encore "de coquettes, bien riches", éprises " de véritable disctinction en toute choses", des "meubles à la fois nouveaux et commodes, d'un goût et d'un travail des plus délicats " (André Goyen).
"Fantaisie artistique" vouée à "quelques heureuses" d'antan comme du temps présent, notre Bonheur-du-Jour se concilie les propos tenus en 1867 par Jules Mesnard: "Leurs destinations charmantes et diverses, la place qu'ils occupent dans le boudoir d'une jolie femme (...) ouvrent à l'imagination de l'artiste qui les compose un champ vaste et fertile (..) Ils doivent être dignes de celles à qui ils sont destinés et, doivent posséder, comme elles, le charme, la légèreté, la beauté et la distinction".
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Paris, Travail d'ébénisterie de Luxe parisien de Style Louis XV de la seconde moitié du XIXe siècle. Epoque Napoléon III, circa 1855.
Non estampillé. A rapprocher des réalisations de Georges Alix, A.Giroux, E. Lemarchand, Mercier frères ou Tahan.
Matériaux: Bois de rose et bois de violettes ; bronze doré; porcelaine de Paris à décor polychrome sur fond bleu Celeste et rehauts or dans le gpût de Sèvres; velours vert d'origine .
Dimensions: H.: 127 cm;-L.: 72 cm; Pr.: 49 cm.
En parfait Etat. Vernis au tampon.
Références bibliographiques: Luchet, Auguste (1806-1872), L'Art industriel à l'Exposition Universelle de 1867: mobilier, Paris, 1868, pp.141et suiv..; -