Manufacture de Niderviller (marque en creux sur le socle)
Epoque de la fin du XVIIIe siècle
Restaurations d’usage
H. 32,5 cm
Le biscuit de notre étude a été réalisé par la manufacture de Niderviller située en Moselle comme en témoigne la marque en creux sur le socle. Cette dernière est une manufacture bien connue ayant réalisé des oeuvres de qualité. Tout commence en 1735 où Anne-Marie André fonde une faïencerie sur sa propriété qui disposait alors de nombreuses ressources naturelles. Elle va la vendre à Jean-Louis Beyrelé, directeur de la Monnaie de Strasbourg. Ce dernier souhaite rivaliser avec les autres centres de productions d’Alsace et de Lorraine. En 1770, la manufacture est de nouveau vendue, cette fois-ci au comte de Custine. La manufacture monte à ce moment là en gamme grâce à la venue d’ouvriers qualifiés et à l’achat de carrières à Limoges (facilitant l’approvisionnement de kaolin). Puis, en 1780, la manufacture connait une croissance supplémentaire avec l’arrivée d’un ancien élève de célèbre Paul-Louis Cyfflé, Lemire. Il apporte avec lui les moules de son maître venant de la manufacture de Lunéville ayant récemment fait faillite. Ainsi, en plus de la faïence, la manufacture réalise de la porcelaine et des biscuits tel que le montre l’oeuvre de notre étude. Nous savons que ces derniers sont produits entre 1763 et 1827 afin de concurrencer la manufacture de Sèvres.
De nos jours, la production de Niderviller est conservée dans plusieurs prestigieux musées comme le Victoria and Albert Musuem qui possède plusieurs biscuits de cette période.
Le sujet de notre biscuit est particulièrement intéressant puisqu’il fait référence à la mythologie grecque concernant Galatée et Pygmalion racontée dans « Les métamorphoses » d’Ovide, grande source d’inspiration notamment au XVIIIe siècle. Elle raconte l’histoire de Pygmalion, un sculpteur chypriote qui sculpte une statue féminine. Il tombe amoureux de la femme qui est née sous ses mains, Galatée. Aphrodite, déesse de l’Amour, donne vie à la jeune femme. Le biscuit immortalise le moment où celle-ci prend vie : l’attitude surprise et enjouée de l’homme et la présence d’une colombe dans les mains de la femme (attribut d’Aphrodite) l’illustrent bien.
Ce thème a été utilisé par plusieurs artistes contemporains à notre biscuit. En effet, le sculpteur Etienne Maurice Falconnet a produit une sculpture en marbre de « Pygmalion et Galatée » en 1761 (aujourd’hui conservée au Louvre). En ce qui concerne la céramique, la manufacture de Sèvres a travaillé autour de ce sujet avec un biscuit réalisé entre 1762 et 1763 (également conservé au Louvre) notamment.