Estampille de Conrad Mauter, (1742-1810) ébéniste reçu maître en 1777. Marbre rouge du Languedoc. Avec sa clé.
Époque Louis XVI.
H : 176 cm, L : 128 cm, P : 55 cm
Prix 3800€
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Biographie de Conrad Mauter :
Il débute comme « ouvrier libre » de la rue du Faubourg Saint-Antoine dès 17685 et obtient la maîtrise le 10 septembre 1777. Ses affaires prospèrent rapidement.
Dès 1782, il devient fournisseur ordinaire du Comte d'Artois, frère du Roi et futur Charles X. Ainsi, jusqu’à la Révolution française, il livrera ses meubles au palais du Temple, au château de Bagatelle, à celui de Saint-Germain-en-Laye, au château de Maisons et même des commodes au château de Saint-Cloud en 1791. Il fut l’un des plus prolifiques producteurs de meubles de cette fin de siècle. Malgré cela beaucoup de ses œuvres, dans ces châteaux, furent détruites ou disparurent durant la Révolution française8.
Sous le Directoire, puis le Consulat, Mauter poursuit ses fabrications, notamment de tables de toutes espèces (à écrire, à manger, à jouer… dont certaines à mécanisme). Il subit sans trop de dommages les nombreuses faillites de sa corporation. Il fut créancier des faillites de l’ébéniste Trintzius (1803), des tapissiers Brunet (1804) et Quedeville (1807).
Durant toute cette période, il continua à réaliser, à côté des meubles de style Directoire ou Consulat, des meubles de style Louis XVI comme l’atteste sa succession réalisée par Palmer et Eyring en 18109.
À sa mort ses affaires étaient toujours aussi prospères : Il employait huit ouvriers ébénistes et son stock (bois de placage, d’acajou, d’amarante et de bois jaune) était très important (estimé à plus de 22 000 Francs)10.
À son décès, son entreprise sera rachetée par Nicolas-Louis Sandrin.
Bibliographie :
« Ce semainier pourvu de 7 tiroirs est monté sur un bâti en chêne. Assemblé par des chevilles ainsi qu'un montage traditionnel en queue d'aronde, que l'on peut d'ailleurs observer sur le dessus ou encore les tiroirs. Ce bâtit a été recouvert de placage et fine épaisseur d'acajou pour les pants coupé, qui sont rehaussés de cannelure sculptée dans le bois.
Ce semainier présente d'anciennes traces de restauration.
Sur ce semainier nous avons d'abord procédé à la réparation du bâtit. En effet, celui-ci avait quelques soucis structurels dû au changement hygrométrique (créant des fentes sur les côtés, le bois ayant besoin de trouver sa place. Quelques parties de bois d'acajou étaient décollées car la colle animale (sûrement de l'os) avait perlé. Celle-ci fut remplacée et les pièces recollées. D'autre part ce semainier présentait quelque petit accro dans le bois à cause de l'utilisation quotidienne et ou des différents changements de lieu en fonction des propriétaires. J'ai donc relevé le bois où cela était possible et maquillé les endroits qui ne pouvaient pas l'être. Beaucoup de travail sur la stabilisation et renfort de la structure des tiroirs ainsi que sur le coulissage, et les coulisseaux
Nous avons aussi refait toute la finition, qui est un vernis au tampon traditionnel aspect satiné, effectué avec de la gomme laque fine orange plutôt que de la gomme laque cerise. Travaille d'homogénéisation de la couleur.
Toutes les serrures ont été révisées et fonctionnent. »
Pour conclure : un meuble de très grande qualité d’un ébéniste de renom. En excellent état, avec son marbre ses serrures, ses clés. Du très grand Louis XVI en matière de mobilier classique tout en sobriété et élégance.
Le saviez -vous ? : En septembre 1777, Marie-Antoinette lance un défi à son beau-frère, le comte d’Artois (futur Charles X et frère de Louis XVI) : construire un château en moins de 100 jours. Un pari qui sera pimenté par le Comte qui parie la somme de 100 000 livres !
Le Comte d'Artois devant Bagatelle, Jean-Démosthène Dugurc
Le Comte d’Artois devant Bagatelle, Jean-Démosthène Dugourc
Ni une, ni deux, le Comte se lance à corps perdu dans ce défi : il sollicite l’architecte Bélanger qui revient d’Angleterre avec des croquis de maisons au style néo palladien. En quelques jours seulement, les plans sont dessinés et validés. L’entreprise est folle : jours et nuit, 900 ouvriers travaillent sur ce chantier et, pour tenir les délais, on va jusqu’à stopper certains chantiers parisiens et confisquer des matériaux.
Finalement, le château de Bagatelle est achevé en seulement 64 jours ! Défi relevé pour le Comte qui vient de réaliser la plus grande folie architecturale de la fin du XVIIIe siècle, lui valant le surnom de « folie d’Artois ». Bagatelle est un petit château mais d’une grande beauté, comme le souligne la devise inscrite sur la façade « Parva sed opta » (« Petite mais bien conçue »).
Si l’histoire pouvait parler, nous découvririons peut-être que notre semainier a meublé Bagatelle ou Maisons (château de Maisons-Laffitte)….
PS : photos prises à l'atelier .